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Education

Samaritan Education Center, Chamazi, Dar Es Salaam, Tanzanie

Octobre/Novembre 2020.

Le voyage nous fait rêver. Pas seulement pour les superbes paysages que nous sommes amenées à découvrir, mais surtout pour les rencontres que nous faisons sur notre chemin. Ce sont ces rencontres qui nous transforment et nous offrent de nouvelles manières de voir les choses. Ce sont ces moments d’humanité que l’on partage qui donnent un sens à l’expérience.

En effet, comme nous l’avons expliqué dans la description de notre projet, nous avons plié bagage pour un tour du monde, mais avant tout humanitaire. Nous souhaitons nous rapprocher le plus possible des locaux pour apprendre de nos différences. C’est souvent par le biais de missions de volontariat que nous trouvons les opportunités de faire aboutir notre vision. De plus, on ne pouvait imaginer notre voyage sans passer par l’Afrique. Le continent est souvent omis par les tourdumondistes, alors que depuis la création de notre projet, c’est celui qui nous attire le plus... Pourquoi? Parce qu’on en entend pas souvent parler, si ce n’est pour ses conflits récurrents et son taux de pauvreté et d’analphabétisme élevé. En terme d’évolution, nous vivons donc aux antipodes et savons que c’est justement de ce continent que nous pouvons le plus nous enrichir. On ne voyait pas non plus la dimension humanitaire de notre voyage sans une mission éducative. En effet, l’éducation tient une place importante dans notre cœur. Pas parce que nous prévoyons de nous reconvertir en professeurs des écoles, mais parce que nous pensons que c’est la clé de tout. Nous avons ainsi eu la chance de partager quelques semaines avec Emmanuel et sa famille pour son projet éducatif en Tanzanie: Samaritan Educational Centre.

Sommaire

Samaritan Education Center

Samaritan Education Center

Samaritan Education Centre est une ONG visant à éduquer les enfants de familles à faibles revenus de la communauté de Chamazi.

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Ce village de 140 000 habitants, dont 50% d’enfants, est localisé dans le sud de Dar Es Salaam, dans un district appelé Temeke. Cette communauté a seulement deux écoles publiques, soutenant chacune d’elles environ 2000 enfants. On vous laisse donc faire le calcul d’enfants non scolarisés… D’autres obstacles à l’éducation sont le manque de professeurs disponibles qui peuvent avoir plus de 100 élèves par classe, ainsi que les parents non intéressés, qui eux-mêmes n’ont pas eu accès à l’éducation. A noter qu’ici, en cas de décrochage ou d’échec scolaire, l’enfant est radié du système. Du coup, pas le droit à l’erreur...

Motivé par le nombre conséquent d’enfants et d’adolescents qui passaient (et passent…) leur temps dans la rue au lieu d’être à l’école, Emmanuel (28 ans) fonda le projet caritatif “Samaritan Education Centre” en 2018 pour que les enfants défavorisés puissent être scolarisés gratuitement l’après-midi et améliorer leurs conditions de vie. 

La même année, il crée également une classe maternelle.

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La structure accueille les enfants de 3 à 6 ans pour les cours de 9h à 12h, puis peuvent être gardés jusqu’à 16h. Ce centre opère uniquement grâce aux contributions financières des volontaires: loyer, salaire des professeurs et 2 repas par jour pour chaque enfant. L’association d’Emmanuel ne reçoit aucune aide financière du gouvernement.

A ce jour, plus de 300 enfants défavorisés ont bénéficié du centre d’éducation Samaritan, et 65 d’entre eux sont maintenant à l’école primaire. Plus de 100 volontaires ont visité le centre et partagé leur savoir avec les enfants. Emmanuel croit à leur implication et à l’échange culturel pour motiver les enfants à voir d’autres horizons et saisir des opportunités.

Vie locale

Vie locale

Nous voilà donc arrivées au village de Chamazi, où nous sommes très gentillement accueillies par Emmanuel, sa femme Happy, et sa fille Britty.

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Nous arrivons avec 12 kg de fournitures scolaires pour les enfants (merci Cora Messancy!): crayons de couleurs, feutres, papiers, stylos, sacs…

Nous avons une chambre spacieuse, avec ventilateur, lit et moustiquaire. Il nous en faut pas plus pour se sentir bien.

La salle de bain commune est petite et la douche quotidienne se fait au “bucket” comme on dit ici. En gros, on se verse le seau d’eau froide sur la tête. Bon, il nous faut un peu de temps pour ne pas rechigner, mais disons que nos expériences en Asie nous avaient toutes les deux préparées. Pour ce qui est des toilettes, elles sont “à la turc”. Un petit bucket afin de tirer la chasse et le tour est joué. Charmant. Bon là, pareil, il nous faut un peu de temps pour nous adapter, mais on s’y fait.

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On est déjà contente d’avoir de l’eau claire (parfois de l’eau de pluie), qu’ils vont acheter et chercher tous les jours au village avec un chariot et leur seaux. Il n’y a que comme ça qu’on peut avoir de l’eau pour la vie de tous les jours (douche, vaisselle, lessive, cuisine). L’hygiène est quand même rudimentaire par rapport à ce que l’on connaît chez nous. Petits cafards qui se trimballent dans la maison et nos pieds toujours sales car il faut retirer les chaussures à l’intérieur... Mais cela nous fera encore plus profiter du confort de chez nous! Pour ce qui est du reste de la maison, nous pouvons y trouver d’autres chambres pour les volontaires et la famille, et une pièce à vivre avec quelques chaises, deux petites tables basses en plastique, et une TV. Sommaire, mais plus que suffisant. C’est là que nous partageons ensemble nos repas tous les jours.

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Partager nos journées et nuits avec cette famille nous donne la chance de vivre comme les locaux, pile poil ce que nous étions venues chercher. Happy ne demande aucune aide pour ce qui est des tâches ménagères, mais nous avons envie de participer. En effet, avoir 5 volontaires à la maison tous les jours, c’est quand même beaucoup de boulot…

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Happy nous donne des cours de cuisine tous les soirs. Elle est contente de partager son savoir.

Les repas sont répétitifs mais assez bons. Là pareil, c’est largement suffisant. Nous soulageons également Happy de temps en temps avec la vaisselle. Et nous faisons notre lessive comme au village.

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Happy rend tout cela amusant. Elle porte si bien son nom: c’est la lumière de la maison avec son grand sourire. Elle est toujours partante pour plaisanter, ne râle jamais et n’attend jamais rien.

Pour ce qui est de la vie associative, nous nous faisons accompagner d’Emmanuel, qui est toujours là pour nous aider à l’école et enseigner. 

Semaine type

Semaine type

Notre journée type se présente donc ainsi: 

  • 8h15: Lever

  • 8h30: Petit déjeuner (chapatis, beignets ou pain en fonction des jours, et une bonne tasse de thé épicé)

  • 8h55: Départ pour l’école maternelle

  • 9h - 12h30: Classe avec les petits âgés de 3 à 6 ans (une dizaine d’enfants), incluant une petite pause pour le thé à 10h30

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  • 13h30: Repas

  • 14h - 15h30: Préparation des activités

  • 15h30 - 16h00: Repos

  • 16h10 - 18h00: Classe avec les plus grands, âgés de 7 à 14 ans (entre 30 et 40 enfants)

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  • 18h00 - 19h00: Jeux avec les enfants dans la rue

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  • 19h30: Cuisine 

  • 20h30: Repas

  • 22h30: Dodo

Les lundis et mardis sont les journées dédiées aux mathématiques, les mercredis et jeudis à l’anglais et les vendredis au sport et activités en plein air. Week-ends libres.

Premières impressions

Premières impressions

En plus de l’adaptation demandée par un mode de vie différent (chaleur, alimentation, hygiène…), les deux premiers jours à l’école sont assez compliqués. On les passe à trouver nos repères, observer les élèves et le fonctionnement éducatif. On ne se sent pas très utiles. Qu’on se le dise, c’est un peu la jungle là dedans: les enfants hurlent, courent, sautent… on ne sait plus où donner de la tête!

On est bien loin de chez nous, et c’est fatiguant rien qu’à regarder! Nos écoles ressemblent à un service militaire à côté de la leur. De plus, même si nous avons un peu honte de le dire, soyons honnêtes, notre première pensée fût: “qu’est-ce qu’ils sont beaux ces enfants, mais qu’est-ce qu’ils sont sales!”. Par contre, ils sont tellement heureux et ils le partagent vraiment bien. On se prend au jeu, on les laisse nous sauter au cou et nous grimper dessus. On vous défie d’y résister!

Les deux premiers soirs, nous tombons comme des masses. Être sollicitées de “Teacher Maria” et de “Teacher Simba” (on vous laisse deviner qui est qui) toutes les secondes de la journée, c’est CRE-VANT.

Nous sommes également bien accueillies dans le village de Chamazi. On nous crie “jambo!” (bonjour ça va?) à tout va, auquel nous devons répondre obligatoirement “poa” (ça va) pour ne pas recevoir une heure de cours de Swahili dans la rue chaque jour. 

Acclimatation

Acclimatation

Après notre phase d’observation de 2 jours, nous passons le week-end à réfléchir à ce que nous pouvons apporter à ces enfants. Que ce soit le matin ou l’après-midi, il est vraiment difficile d’établir un enseignement commun et de maintenir une structure pour tous les élèves, leur niveau étant très hétérogène. En effet, un enfant de 7 ans n’aura pas les mêmes capacités qu’un enfant de 14 ans… Si l’ambiance est assez folle, le cours et ce qu’ils apprennent sont eux, assez scolaires/académiques. Le matin, à l’école maternelle, les petits apprennent l’alphabet et les nombres jusqu’à 10 tous les jours, en répétant tous ensemble après la maîtresse ou un élève au tableau, ou en suivant des pointillés sur leur cahier...

On voit bien que ce n’est pas du tout acquis, malgré la répétition de l’exercice. Les enfants sont plus amusés de crier après leur professeure que de réellement apprendre. Par conséquent, pour faciliter et diversifier l’apprentissage des nombres et des lettres, nous mettons en place des activités, telles que des coloriages codés et d’autres exercices plus poussés.

Les enfants sont ravis, n’ayant pour seul propriété qu’un cahier et (parfois) un sac. L’école ne prête pas plus d’un crayon de papier à chaque élève durant chaque classe Du coup, les crayons de couleur ont de quoi apporter un peu de gaieté!

Pour les cours de sport, nous les initions à certains jeux comme “1,2,3 soleil”, le béret, le relais, la passe à 10, entre autres…

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Là pareil, c’est un réel moment de partage. On sent qu’ils sont heureux de faire de nouvelles activités. En retour, nous nous retrouvons à nous déhancher à l’africaine au milieu de cercles d’enfants et à jouer au foot avec eux sur terrain vague. Bon, il nous reste beaucoup à apprendre…!

Perspectives d'avenir

What about the future?

Nous partageons beaucoup de discussions avec Emmanuel qui a beaucoup de rêves pour sa communauté. Il aimerait acheter son propre terrain pour construire une école, où il pourrait créer différentes classes de niveaux. Puisque les enfants se rendent à pieds à l’école, et que la nouvelle construction se trouverait à 4km du village, il louerait un minibus qui ferait le trajet aller/retour tous les jours. Acheter lui permettrait de ne pas déverser dans un loyer, mais à cause du Covid, ses rêves sont tombés à l’eau. Leurs revenus étant seulement constitués d’une contribution de 10$/jour/volontaire et les voyages étant suspendus, la famille n’a pu accueillir aucun volontaire depuis Mars 2020. Avant cela, ils avaient environ 2 à 4 volontaires par jour, et 30 élèves le matin. La motivation des enfants a également considérablement chuté depuis. Maintenant, il n’en reste que 10 en maternelle. La famille et les enfants de Chamazi se retrouvent alors dans le flou...!

Si vous voulez contribuer au projet d’Emmanuel et soutenir la communauté et les enfants de Chamazi, vous pouvez nous contacter directement pour leur faire un don. Les fonds seront utilisés pour l’achat de fournitures scolaires, la nourriture quotidienne des enfants le midi, le salaires des enseignants, la location du bâtiment utilisé pour donner cours, et la vie quotidienne de cette famille Tanzanienne.

Nous repartons enrichies de cette expérience. Nous avons trouvé ce pour quoi nous voyageons: une expérience authentique au sein d’une famille locale. Nous nous sentons également chanceuses d’avoir reçu autant d’amour en si peu de temps de la part des enfants. Ils se sont attachés à nous, mais nous nous sommes beaucoup attachées à eux. Certains au revoirs sont plus difficiles que d’autres, plus particulièrement avec nos petits chouchous.

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Nous sommes restées admiratives devant tant de simplicité et de bonheur. Les enfants courent dans la rue et jouent avec un rien, bien loin des avancées technologiques sans lesquelles nous ne pouvons plus vivre normalement dans notre monde développé.

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Nous remercions infiniment Emmanuel et Happy pour ce chapitre de notre tour du monde humanitaire. Nous nous en rappellerons.

A méditer...

A méditer...

Comme dit plus haut, l’éducation tient une place importante dans notre cœur, car nous pensons qu’elle est essentielle à la création d’un monde plus juste.

Mais selon nous, il y a deux types d’éducation. Il y a celle qui peut servir à la grande échelle humaine pour résoudre des problèmes tels que la pauvreté, la famine, le réchauffement climatique, la santé, les conflits… Et puis il y a l’éducation biaisée, celle qui manipule, qui impose une façon de penser ou de vivre, sous prétexte qu’elle est supérieure: conception du bonheur, de la richesse, du succès, place de la religion…

Cette éducation biaisée se glisse un peu partout, peu importe le pays, et nous regrettons qu’elle influence un outil plus qu’indispensable pour atteindre la paix et le respect des différences des uns et des autres. Par exemple, dans les écoles occidentales, lorsque les programmes sous-entendent une supériorité résultant de la période coloniale. Dans nos médias occidentaux, lorsque l’actualité se concentre sur les pays les plus développés et uniquement sur les aspects négatifs des pays en voie de développement. Dans nos sociétés, lorsque les métiers manuels et créatifs sont dévalorisés, bien qu’indispensables. Dans nos cultures, lorsqu’on nous conditionne pour rentrer dans la “norme”... Par exemple, en Tanzanie, il est illégal de pouvoir aimer une personne du même sexe que nous et pour l’instant impossible d’établir une réelle démocratie. Et lorsqu’on se rend compte de ce qui nous a indirectement été imposé en grandissant, nous réalisons également qu’aucun humain, système, pays ou culture possède la vérité absolue. Nous sommes tous égaux, la supériorité n’est qu’une illusion et tout est une question de perspective. 

Et vous qui nous lisez, qu’en pensez-vous? Êtes-vous toujours maître de vos idées?

Voilà pourquoi il est important pour nous de voir ce qui se passe réellement derrière nos frontières… Parce que s’éduquer ne s’arrête jamais pour pouvoir trouver sa propre vérité.

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