Indonésie
05/10 - 04/11
Difficile de tracer un itinéraire dans un pays constitué de … 17000 îles! Et pourtant, il a fallu prévoir un minimum. Atterrissant à Jakarta, l’île de Java figurait automatiquement au programme. Nous y avons ajouté la fameuse île de Bali où nous avons fait du volontariat puis celle de Lombok décidée sur le chemin. Nous avons terminé par l’aventureuse Sumatra à la rencontre des orangs-outans.
Sommaire
Java (05/10 - 13/10)
Arrivée à l’aéroport de Jakarta le 5 octobre en début d’après-midi. En quête d’authenticité, nous faisons l’impasse sur le taxi et décidons de rejoindre la capitale à bord d’un bus local. La chaleur se fait déjà étouffante, et c’est avec soulagement que nous atteignons notre auberge sélectionnée au hasard … dans l’avion! Après 20h de voyage et une douche froide bien méritée, nous avons hâte de nous sustenter et de découvrir la cuisine indonésienne si réputée. Au menu: saté de poulet, gado-gado (légumes avec sauce cacahuète épicée) et nasi goreng (riz frit), plat typique du pays.
Première nuit en Indonésie et déjà premier réveil matinal pour prendre le train, direction Yogyakarta. En effet, nous ne nous attardons pas dans la capitale, davantage renommée pour son trafic encombré que pour ses lieux d’intérêts. Nous lui préférons sa petite soeur Yogyakarta où nous arrivons 6h plus tard. Le train aussi dispose de plusieurs classes, mais pour ce premier trajet, nous optons pour un peu de confort en classe “Exekutiv” où il est possible d’incliner les sièges déjà assez spacieux. Un pousse-pousse motorisé se charge de nous emmener à notre guesthouse choisie encore une fois sur le fil.
2 nasi goreng et 2 jus de mangue plus tard (rituel quasi journalier désormais), nous préparons notre programme pour les jours à venir. Et quel programme, car la région regorge de petites pépites à découvrir.
A commencer par les sites de Borobudur et Prambanan, tous deux classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Situés à une heure de route de notre logement, la location d’un scooter nous paraît inévitable… et tant mieux car c’est sans aucun doute la plus belle des manières de profiter des paysages indonésiens.
Bâti aux VIIIème et IXème siècles, le temple de Borobudur est une construction bouddhiste de forme carrée constituée de quatre corridors visibles se superposant. La terrasse supérieure est elle-même surmontée de 3 terrasses circulaires abritant 72 stûpas ainsi qu’un bouddha inachevé en son centre. Longtemps oublié car dissimulé par la jungle et les cendres volcaniques, le temple de Borobudur est redécouvert et rénové au XIXème siècle et représente depuis un lieu de culte et de pèlerinage sacré. Il est à ce jour le monument le plus visité d’Indonésie.
Construit au IXème siècle, le site de Prambanan est quant à lui constitué de 240 temples dédiés au Dieu hindou “Shiva”. Malgré des séquelles encore présentes du tremblement de terre de 2006, l’ensemble est particulièrement bien conservé et reste impressionnant (47m de haut pour le plus grand temple). De par ses couleurs, sa disposition et son architecture, c’est celui que nous avons préféré.
Pourtant pas prévu au départ, nous prenons la direction de Cemoro Lawang, camp de base du fameux Mont Bromo. Toujours en train (clairement le meilleur moyen de transport niveau rapport temps-qualité-prix), mais cette fois en classe Ekonomi, nous gigotons sans cesse sur nos petites banquettes perpendiculaires de 3 personnes. Heureusement, les Mie Goreng (nouilles instantanées) font passer les 8h de trajet plus vite.
S’en suit une course infernale pour éviter les arnaques dont tous les touristes sont victimes à la descente du train. Le partage d’un minivan avec une autre famille nous permet de passer à travers les mailles du filet, même si on nous fera payer plus du double des frais d’entrée au site un peu plus tard.
Réveil à 2H45 pour l’ascension du Mont Penanjakan et admirer le lever du soleil sur le Mont Bromo. On s’emmitoufle le plus possible car il paraît qu’il fait super froid tout là-haut, mais on enlève tout rapidement. La marche est très agréable, entre petites routes dans le village, chemins en forêt et roches à escalader, le tout à la lumière de nos lampes frontales vissées sur nos têtes.
On est ravies d’avoir opté pour cette expédition à pieds et en autonomie complète car cela nous permet d’éviter les hordes de jeep sur la route principale (et payante). Nous arrivons à notre destination un peu avant 5H, et on se dit vite qu’un ou deux gilets de plus n’aurait pas été du luxe. Ça caille sévère dis!! Le froid est cependant vite oublié face au tableau qui se dessine peu à peu sous nos yeux. Le ciel se dégage et les nuages laissent place aux couleurs de feu sur la vallée et les volcans la surplombant. De toute beauté!
Nous admirons ce magnifique spectacle l’heure suivante puis poursuivons notre aventure vers le cratère du Mont Bromo. C’est là que les choses se corsent… Budget backpackers oblige, on navigue toujours sur des blogs de globe-trotters à l'affût de bons plans pour les visites de sites car les droits d’entrée de ces derniers peuvent s’avérer assez onéreux lorsque l’on a la peau claire. Les prix peuvent également varier en fonction des saisons, des jours de la semaine et heures de visite. Bref, on pensait justement avoir trouvé un super bon plan pour l’ascension du cratère du Mont Bromo avec l’histoire d’un chemin gratuit caché au milieu des champs de poireaux.
Sauf que…. après avoir descendu tout le Mont Penanjakan, s’être arrêtées pile au bon endroit, avoir trouvé LE champ de poireaux (parmi les 100 autres l’entourant), avoir dévalé une dune de sable puis traversé le no man’s land au pied du cratère au milieu des tornades...
Nous apercevons au loin une moto venant à notre rencontre. Anouck l’optimiste croit à un vendeur ambulant… Que nenni! Il s’agit bien d’un garde du site qui s’empresse de nous demander nos tickets d’entrée. Bref, après l’échec de négociations et de feindre l’idiotie totale (“vous voulez voir nos passeports? Pas de problème”), nous renonçons à partir en courant après avoir remarqué son talkie-walkie et capitulons. 30€ en moins, budget explosé. Direction le cratère, il a intérêt à valoir le coup celui-là! Et on va en prendre plein les yeux en effet, plus au sens propre qu’au figuré. Pour accéder au cratère, il nous faut traverser la caldeira et ainsi crapahuter pendant plus d’une heure, sous un soleil de plomb mais surtout dans un nuage de poussière noire permanent.
Enfin arrivées en haut, on apprécie davantage le fait de pouvoir prendre une pause que le spectacle du cratère. Oui c’est beau, mais la fatigue cumulée à la saleté surpasse le trou fumant qui s’étend sous nos pieds.
Bon, on se dit que ça ira mieux pour la descente, sauf que c’est deux fois pire. On y voit quasi rien, les rafales de vent s’enchaînent et on a l’impression d’être constamment prises au piège dans une tornade de sable.
A la tête des locaux qui nous croisent, on se dit que la nôtre doit être drôle. Mais quand des travailleurs nous proposent carrément de nous ramener au village, on se dit qu’on doit faire peur à voir.
Réflexe immédiat en arrivant à la guesthouse: le miroir. Ah oui, quand même!!
Il faut dire qu’avec nous, chaque jour a son lot de surprises et est une aventure à lui seul. Du coup, on remet ça le lendemain! Nous qui pensions avoir arrangé notre retour avec le chauffeur du minivan à l’aller, nous voilà bien déconcertées lorsque ce dernier nous écrit être mystérieusement tombé en panne sur la route. On se retrouve à partager en urgence un minivan avec 11 autres backpackers pour rejoindre Probolinggo, où nous attend notre train réservé 3 jours plus tôt. Et dire qu’on a failli l’avoir, à 5 min près! Exit le train, il faut trouver une autre solution pour atteindre notre prochaine destination: Banyuwangi, tout à l’est de Java. Le bus nous semble le plus simple, reste à choisir le bon parmi des dizaines sur le point de partir du terminal. Après négociations que nous devons tenir secrètes vis-à-vis des autres voyageurs, nous montons à bord d’un bus dont le chauffeur nous assure que le trajet durera 5H. Soit. Au bout d’à peine 15 minutes, on se demande comment on va bien pouvoir tenir sur ces sièges minuscules avec une clim inexistante. C’est difficilement supportable. Au bout de 2 heures, tous les passagers doivent changer de bus. Apparemment c’est normal, donc nous suivons le mouvement. Plus de place et de la clim, nous voilà soulagées. Répit de courte durée, puisque nous devons changer de bus une deuxième fois sans prévenir. Tiens celui-ci est déjà bondé, où est-ce que l’on va donc s’assoir? Ah, ben on ne s’assoit pas visiblement. Le trajet debout dure une petite heure, avant que des passagers arrivés à leur destination nous cèdent gentiment leur place assise. Déjà 4h de passées, on devrait arriver bientôt du coup…. mais bizarrement, Google Maps nous géolocalise et nous place qu’à mi-trajet… Malheureusement pour nous, Google Maps dit vrai, puisque le trajet durera 8h! 8h au cours desquelles nous ainsi que l’ensemble des passagers avons bien cru y passer lorsque que deux bus en sens inverse se sont mis à jouer à la course poursuite et nous ont frôlés de TRÈS TRÈS près.
Bref, nous arrivons à Banyuwangi dans la nuit, où il nous faudra une bonne journée pour nous remettre de nos émotions. Nous en profitons pour nous balader aux alentours et se reposer sur la plage de sable noir de Bangsring.
Petite crevaison du scooter au passage, histoire de vivre l’expérience javanaise à fond avant la traversée pour Bali.
Bali (13/10 - 20/10)
Nous avons longtemps hésité à visiter l’île des dieux, lui préférant des régions moins touristiques. Mais une mission de volontariat (également non prévue) s’est présentée à nous, et nous voilà parties pour Seririt au nord de Bali. Nous sommes accueillies par Simone, une allemande expatriée sur l’île depuis 2014, qui horrifiée par la quantité astronomique de déchets déversés autour de chez elle, décide il y a trois ans de mettre en place un projet de volontariat visant à nettoyer les rues, rizières et plages aux alentours. Nous y passerons 3 jours pendant lesquels nous prenons conscience des effets néfastes et durables du plastique qui gangrène la terre et ses ressources. Pour un article détaillé de ce projet, rdv ici.
Nous profitons de cette mission pour nous rapprocher des locaux au maximum lors de nos après-midi libres. A la recherche du plus authentique des warungs (bui-bui typique) et des recommandations des habitants, nous goûtons au soto ayam (soupe aux vermicelles & poulet) qui deviendra l’un de nos mets préférés. Nous faisons également la connaissance d’un couple balinais qui nous convie chez eux afin de nous expliquer les subtilités de la culture indonésienne et de la cohabitation de plusieurs religions.
L’île de Bali est également connue pour les nombreuses chutes d’eau qu’elle abrite. Sur la route vers le sud, nous en sélectionnons quelques-unes que nous ne trouverons parfois jamais mais qui nous mèneront à d’autres cascades encore plus reculées. Certes leur accès peut s’avérer un peu délicat sur des chemins de 30cm de large à flanc de colline, mais la route et le résultat en valent toujours la peine.
Mention spéciale pour la Blemantung Waterfall: à proximité de la chute d’eau, une locale nous propose gentiment de nous y emmener. Nous acceptons avec plaisir et la suivons pour une descente à 60°, en tongs puis pieds nus à travers les champs de bananiers pendant près d’une heure. Au pied de la cascade, nous lui offrons un peu d’argent pour la remercier, qu’elle refuse pour ensuite nous demander 5 fois plus. Ébahies par cette requête et lassées que l’on nous prenne pour des porte-monnaie ambulants, nous tentons de lui expliquer que nous n’avons pas cette somme sur nous et qu’elle aurait pu nous prévenir avant. Vexée, elle quitte les lieux et nous laisse nous débrouiller toutes seules pour le retour. Voyant l’environnement très dense nous entourant et les chemins quasi identiques qui se présentent à nous, nous comptons clairement sur notre bonne étoile pour retrouver notre chemin et pouvoir rejoindre notre hébergement avant la nuit. Défi relevé!
Non loin de Denpasar, nous faisons escale chez Ana, une amie vivant à Bali depuis plusieurs années. Elle nous héberge deux nuits, le temps de bien recharger les batteries. Un grand merci à elle qui nous a accueilli les bras grand ouverts!
Nous remontons ensuite vers le nord et la charmante ville d’Amed, réputée pour son atmosphère chaleureuse et ses beaux spots de plongée/snorkeling. L’eau y est en effet limpide, nous permettant d’observer une faune et flore incroyables. Le soleil qui transperce la surface fait refléter les tons violets des coraux et les poissons multicolores sont curieux de notre présence.
Nous serions bien restées quelques jours de plus à admirer le fond marin d’Amed ainsi que ses magnifiques couchers de soleil.
Mais une autre île nous appelle, celle de Lombok.
Lombok (20/10 - 24/10)
Plus méconnue et bien moins touristique que Bali, l’île de Lombok n’a pourtant rien à envier à sa voisine. Terre du Mont Rinjani au nord qui culmine à 3700m d’altitude et paradis des surfers au sud, tout le monde y trouve son bonheur. Pour rejoindre l’île, rien de plus simple, des speedboats font régulièrement la liaison avec Bali en à peine 2H. Mais la simplicité n’étant pas vraiment au rendez-vous de notre voyage jusqu’à présent, nous préférons la traversée de 5h en ferry local, plus authentique et 10 fois moins chère.
Nous arrivons à Lembar d’où nous souhaitons rejoindre Mataram, la plus grande ville de l’île. Un bémo nous propose de nous emmener pour 150 000 roupies par personne (10 euros), mais on sait clairement qu’il nous prend pour des débutantes. On commence à tracer notre route à pieds, quand le même chauffeur s’arrête à notre hauteur quelques minutes plus tard. Sans passagers, il ne veut pas faire le trajet à vide, et nous propose alors le vrai prix local de 50 000 roupies pour deux (un peu plus de 2€). Adjugé!
Installées à la guesthouse, nous préparons notre petit itinéraire pour les jours à venir. Lombok n’étant pas très grande (50km de long sur 50km de large à vol d’oiseau), nous décidons de laisser nos gros backpacks à l’hôtel et de louer un scooter pour 3 jours afin de faire le tour de l’île, soit environ 300 km au total.
Direction les montagnes au nord-est. Sur la route, nous nous arrêtons aux fameuses cascades Stokel & Kelambu. Là encore, tous les stratagèmes sont bons pour nous faire payer l’entrée le plus cher possible. Les vendeurs nous expliquent qu’il existe plusieurs cascades et que le prix est dégressif en fonction du nombre de chutes d’eau visitées (mais bien sûr, on ne va pas nous faire croire qu’il existe des checkpoints à chaque cascade quand même!), que certaines sont inaccessibles sans guide (allez hop on ajoute 60 000 roupies), et que le site étant assez étendu, mieux valait prendre la moto (tiens, on paie l’entrée de la moto aussi maintenant). Bref, ils commencent clairement à nous agacer et nous leur faisons comprendre que 2 cascades nous suffiront et que l’on se passera du guide et de la moto. Résultat? 150 000 roupies par personne… Nous prétextons attendre des amis (car oui, le prix est aussi dégressif selon le nombre de personnes) et patientons un peu. Nous expliquons la situation à un couple d’allemands qui arrive et ils acceptent de constituer un groupe avec nous. Nous tentons également d’approcher un local qui accepte de faire la transaction à notre place. Résultat? 100 000 roupies pour 4 avec les motos, soit 6x fois moins que le tarif initial. On remarquera le prix de 40 000 roupies payé par le local, qui a donc aussi pris sa petite commission au passage. Évidemment, aucun contrôle des billets par la suite… mais on s’en sort plutôt bien au final.
On est d’autant plus contentes de ne pas s’être laissées démonter lorsque l’on aperçoit les chutes d’eau. Elles sont clairement à la hauteur de leur réputation, et le fait de pouvoir en profiter quasi toutes seules rend ce moment encore plus beau. Du haut de leur 30m, ces cascades semblent dominer la jungle environnante. Les merveilles de la nature...
Nous poursuivons vers le village de Sembalun Lawang et son célèbre Mont Rinjani où nous souhaitons arriver avant la nuit. La route pour y accéder surplombe les rizières avant de serpenter dans la montagne. Une première en scooter, mais le trajet se passe à merveille et nous donne envie d’en voir encore plus.
Nous nous installons à la tombée de la nuit puis partons à la recherche d’un petit warung. Sur le chemin, nous remarquons des lumières rouges au loin, et plus on s’en approche, plus nous avons l’impression qu’il s’agit de flammes. Oui oui, des flammes. Du feu donc, sur un volcan… Et pourquoi pas une éruption volcanique tant que l’on y est. Etrangement, notre bonne humeur laisse peu à peu place à une légère tension. Mais personne n’a l’air de s’inquiéter et la route d’évacuation n’est pas prise d'assaut. Nous entrons dans le seul warung ouvert et ne tardons pas à être entourées d’une trentaine de pompiers venus se ravitailler. Bon, si ils prennent la peine de manger, on se dit qu’il n’y a pas urgence. Pour se rassurer, on préfère quand même leur demander des précisions, et ils nous expliquent en rigolant qu’il ne s’agit QUE d’un feu de forêt qu’ils tentent d’éteindre depuis trois jours.
Nous nous couchons l’esprit plus tranquille pour nous réveiller au petit matin et gravir la Pergasingan Hill, une petite montagne dont le sommet offre une magnifique vue sur la vallée et le Mont Rinjani qui lui fait face.
Nous quittons Sembalun Lawang en fin de matinée pour le sud de Lombok à 100km de là. Direction la presqu’île d’Ekas et le petit village de pêcheurs de Telone qui n’abrite qu’un seul hébergement. Malgré le vent important, le trajet se passe bien jusqu’à 20km avant l’arrivée, où la route bitumée laisse place à une piste accidentée. Il nous faudra quasi une heure pour traverser un dédale de chemins de sable, poussière et caillasse. Une sacrée aventure!
Mais le résultat dépasse nos attentes: trois bungalows typiques à quelques mètres seulement d’une plage déserte. Pas un seul touriste, nous sommes seules au monde dans cet endroit paradisiaque pour quelques heures.
Nous renonçons ensuite à longer le sud de l’île très prisé des surfeurs étant donné la fatigue accumulée avec les kilomètres et la chaleur des jours précédents. Nous décidons donc de rejoindre directement Mataram où nous avons loué le scooter et laissé nos sac-à-dos, car notre vol pour l’île de Sumatra décolle le lendemain matin.
Sumatra (24/10 - 04/11)
Nous avons sélectionné cette île avant tout pour son authenticité. Beaucoup moins plébiscitée par les touristes, elle offre pourtant une grande variété de paysages, entre montagnes et bords de mer, rizières et lacs, grottes et cascades, et une nature encore plus verdoyante.
Nous atterrissons à Padang, où nous retrouvons notre amie espagnole Andrea également partie à l’aventure pendant plusieurs mois. Elle nous accompagnera les 10 prochains jours. En visitant la ville, nous remarquons en effet que les touristes doivent se faire TRÈS rares à la tête des locaux lorsqu’ils nous croisent. Les séances photos auxquelles nous avons eu le droit depuis le début du voyage se multiplient.
Nous poursuivons notre route vers Bukittinggi. Les locaux parlent très peu voir pas anglais, même dans les hôtels et agences de voyage, ce qui va probablement rendre l’organisation du périple un peu plus compliquée.
Nous décidons de faire l’aller retour vers le Lac Maninjau où nous passons la nuit avant ce qui sera sans doute l’un des trajets les plus longs et éprouvants du voyage.
En effet, il nous faut rejoindre Bukit Lawang deux jours plus tard où nous avons réservé le trek dans la jungle à la rencontre des orangs-outans. Léger détail, Bukit Lawang se trouve à environ 800 km de notre position, soit près de 20H de bus. Mais comme il n’existe aucune liaison directe, nous réalisons que nous passerons probablement plus de 24H dans les transports. Les commentaires de voyageurs sur internet ne se font pas plus rassurants, puisque la route que nous nous apprêtons à emprunter est réputée extrêmement difficile, mais c’est notre seule option. Au terminal de bus qui s’est transformé en centre d’agences de voyage, nous sommes de suite prises d'assaut par les vendeurs. Après réflexion, nous décidons de prendre le bus le plus confortable possible pour compenser la durée du trajet: bus climatisé, sièges inclinables, toilettes, et en prime un fumoir. Bon, au final, si l’on oublie le côté frigorifique du bus la nuit et le karaoké à plein tube sur quasi l’ensemble du voyage, le trajet est supportable. On mettra juste 10h de plus que prévu, soit 32h au total pour atteindre le village de Bukit Lawang!
Nous enchaînons avec le trek dans le Parc National de Gunung Leuser le lendemain. Oui, nous aurions préféré nous laisser davantage de repos, mais les départs de randonnée ne s’effectuent que 3 jours par semaine, nous limitant ainsi dans le temps. L’excitation nous fait néanmoins rapidement oublier la fatigue.
Après avoir aperçu une vipère gentiment enroulée à sa branche, nous traversons une plantation d’arbres à caoutchouc (hévéas) dont l’industrie (ainsi que celle de l’huile de palme) menace directement la population d’orang-outans. Nous tombons ensuite nez à nez avec une famille de Thomas Leafs (singes endémiques de Sumatra) puis une dizaine de macaques crabiers.
Le rythme du trek est soutenu, le terrain plutôt accidenté (un grand merci aux lianes pour leur soutien inconditionnel), auxquels s’ajoutent la chaleur et l’humidité caractéristiques de l’île.
Mais peu importe, l’idée de pouvoir admirer ces animaux en voie d’extinction dans leur habitat naturel nous fait gravir les montagnes sans encombres pendant que les trois guides locaux qui accompagnent notre groupe tendent l’oreille à l’écoute du moindre craquement de feuille. Chacun à son rôle bien défini:
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Mino Mino notre éclaireur,
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“Fireman” notre meneur,
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et notre discret guide qui clôt la marche s’assurant de ne laisser personne derrière.
Près de deux heures plus tard, nous avons l’immense chance de rencontrer trois orangs-outans sauvages (dont une mère et son petit) jouant dans les arbres. Nous restons bouche bée et émues devant ce si beau tableau et mesurons peu à peu notre place privilégiée.
Un peu plus loin, le mâle de cette petite tribu nous fait sa parade pour nous avertir qu’ici, c’est lui qui commande!
Nous avons du mal à quitter des yeux ce spectacle pour poursuivre notre chemin, mais la route est encore longue jusqu’à notre camp pour la nuit. Nous n’oublions pas de nous arrêter souvent pour boire et reprendre des forces dans cet environnement qui nous dépasse.
En début d’après-midi, nos guides nous expliquent que les deux femelles orangs-outans que nous risquons de rencontrer très bientôt sont semi-sauvages et donc habituées au contact humain. Malheureusement, elles n’en gardent pas de très bons souvenirs, ayant été attaquées gravement par des braconniers. Nous devons donc être très prudentes et ne pas nous attarder. Comme prévu, Mina nous attend de pied ferme à l’endroit indiqué, et nous barre le chemin. Très intelligente (à noter que les orangs-outans représentent la deuxième espèce de singes la plus proche de l’homme derrière les gorilles et partagent 97% de nos gènes), elle a mis en place un stratagème bien rodé. Ayant remarqué que ce chemin était quasi inévitable pour les randonneurs, Mina barre la route à un point stratégique et se montre un peu agressive en attente de nourriture. Notre éclaireur doit ainsi “faire diversion” (bien qu’elle en soit pleinement consciente) avec des fruits afin qu’elle s’écarte du sentier pour nous laisser passer. Un péage de la jungle!
Un scénario similaire arrive quelques minutes plus tard avec Jackie qui agrippe fermement le bras d’une touriste. L’un des guides doit lui donner un régime entier de bananes pour qu’elle accepte enfin de la libérer.
Nous atteignons notre camp trois heures plus tard, au terme de 8h de marche couronnées par une descente infernale.
Heureusement, le site est situé au bord d’une rivière, nous permettant ainsi de (bien) nous rafraîchir avant la tombée de la nuit. Nous sommes ensuite conviées à un repas gargantuesque: currys, patates douces, poulet, galettes de pomme de terre, omelettes, riz, chips, etc. Difficile d’imaginer qu’un tel banquet ait été préparé au milieu de la jungle. Et pourtant! La soirée se clôture par les anecdotes de notre guide principal qui nous raconte ses deux “combats” avec Mina, marques de morsure à l’appui!
La nuit en tente se passe mieux que prévu malgré la pluie torrentielle qui s’abat sur le camp, mais nous sommes quand même ravies de retrouver le soleil le lendemain matin. Nous profitons de ce lieu paisible pour nous ressourcer avant d’apercevoir plusieurs varans qui freinent brutalement notre envie d’aller nous baigner.
Pas de regrets, puisqu’une magnifique surprise nous attend à l’entrée du camp: deux orang-outans nous observent avec attention du haut de leur arbre. Ils sont vite rejoints par une vingtaine de macaques qui engloutissent tout ce qu’ils peuvent des restes du repas d’hier.
Un festin de fruits plus tard, et il est déjà temps de repartir.
Le retour du trek est cependant moins fatiguant puisqu’il s’effectue… en bouée! Du rafting local en d’autres termes, et on adore ça! Nous faisons un petit arrêt pour une cascade cachée et là, nouvelle surprise et pas des moindres, une maman orangs-outan câline tendrement son bébé sur une branche. Au vu de sa taille et de ses gestes hésitants, le petit doit être très jeune et est en pleine phase d’apprentissage. Ce moment semble irréel tant il est précieux.
Nous nous retirons discrètement pour continuer notre folle descente aquatique vers Bukit Lawang. Un vrai régal et surtout une manière bien trouvée pour nous ramener à la réalité!
Il nous faudra presque trois jours pour nous remettre de cette expérience, tant physiquement que émotionnellement. Trois jours pour assimiler ces souvenirs incroyables que nous venons de créer, à la rencontre des “hommes de la forêt”, animaux fascinants qui nous ressemblent tant, dans un environnement ultra sauvage et aux côtés de guides passionnés par leur région et son histoire.
Nous nous dirigeons ensuite vers Medan, non sans avoir échangé quelques volants de badminton avec des locaux pour s’assurer qu’il s’agisse bien de leur sport national (pas de doute!).
La ville n’a pas grand chose à offrir, si ce n’est sa localisation stratégique qui en fait la troisième plus grande ville d’Indonésie et un lieu de passage quasi obligé des voyageurs. C’est d’ailleurs de son aéroport que nous disons au-revoir à l’Indonésie et quittons notre amie Andréa pour de nouvelles aventures. Direction? La Thaïlande!
Notre périple indonésien ne pouvant bien sûr pas se finir dans le calme et la bonne humeur, il fallait bien trouver quelque chose pour pimenter notre départ! C’est ainsi que nous nous faisons refuser l’embarquement de notre avion à l’immigration pour être restées un jour de trop dans le pays. Car oui, ici on compte le jour d’arrivée ET le jour du départ, et la date limite de sortie du territoire n’est pas précisée sur le visa. Reste plus qu’à payer les 125€ d’amende… Dommage, on s’en était bien sorties niveau budget jusque là. Heureusement, l’avion nous attend, et c’est à peine installées que nous décollons.
Ressentis
NOS COUPS DE COEURS
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Un choix d’itinéraire infini grâce à la diversité des îles et leurs particularités propres (paysages, culture, religion, gastronomie...)
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Possibilité de découvrir des lieux peu peuplés et qui restent authentiques
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Une des deux seules destinations au monde (avec la Malaisie) où l’on peut observer des orang-outans sauvages
NOS DÉCEPTIONS
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Atmosphère oppressante en raison du comportement envers les touristes
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Arnaques constantes lors de négociations (nous sommes backpackeuses, pas milliardaires)
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Temps passé dans les transports (>100H)
Budget
Pour notre voyage de 30 jours en Indonésie, nous avons estimé un budget de 1380€ (23€/personne/jour). Pour une explication plus détaillée, merci de cliquer ici.
Vous trouverez ci-dessous le récapitulatif de nos dépenses en Indonésie ainsi que leur répartition.