Pérou
(14/06 - 01/08)
S’il y a un pays à côté duquel on ne pouvait pas passer, c’est bien le Pérou! Situé entre la forêt amazonienne et les Andes, il s’agit d’un véritable condensé de toute l’Amérique du Sud. Bref, un incontournable qui fascine tant par ses paysages que par ses traditions et son patrimoine incroyable. Des pics enneigés de la cordillère blanche aux îles flottantes du légendaire lac Titicaca, en passant par la glorieuse cité du Machu Picchu et autres vestiges de l’empire inca, six semaines nous ont été nécessaires afin d’appréhender ce pays si grand mais si différent et où nature et culture s’entremêlent parfaitement.
Sommaire
Huaraz & Cordillère Blanche (14/06 - 27/06)
A peine débarquées à Lima, nous décidons d’enchaîner avec un bus de nuit vers le nord du pays. Direction Huaraz, capitale de l’andinisme située au carrefour des chemins de randonnée et des routes de montagne. Nous élisons domicile dans une petite auberge qui vient tout juste d’ouvrir et dont la terrasse offre un panorama sur toute la Cordillera Blanca.
D’environ 20 kilomètres de large sur 180 kilomètres de long, la Cordillera Blanca est une succession de sommets enneigés (dont 18 à plus de 6000m) entrecoupés de lacs turquoises et de verdoyantes vallées. Il nous faut bien trois bonnes journées pour nous organiser tant les excursions sont nombreuses et diversifiées. Nous décidons de commencer par un trek d’acclimatation à la Laguna Churup. Après une heure de colectivo, nous entamons la marche de 6 kilomètres et surtout, ses 630m de dénivelé. Ça grimpe dès le départ, mais les paysages grandioses nous font vite oublier la difficulté.
Sur le chemin, nous croisons plusieurs travailleuses dont la tâche est de délimiter le sentier. On se demande comment elles peuvent bien s’affairer avec leurs imposants vêtements, mais à voir le résultat, on dirait que c’est plutôt bienfaisant!
Si la randonnée n’est pas très technique, la dernière partie est une falaise rocheuse à pic pouvant se révéler problématique. Câbles, chaînes et barreaux de via ferrata ont judicieusement été mis en place afin d’aider à la progression, transformant ainsi l’ultime montée en séance d’escalade.
Mais après deux heures d’efforts, la récompense est là! A 4450m, la lagune aux sept couleurs se dévoile progressivement et le spectacle opère immédiatement. Le cadre est époustouflant!
Sur un coup de tête, nous poursuivons notre chemin jusqu’à la Laguna Churupita 150m plus haut. L’occasion de prendre un peu plus de hauteur face à un décor tout aussi impressionnant.
La descente est en revanche une toute autre histoire… Le colectivo ayant fixé une heure spécifique pour nous ramener, nous avons dû nous presser pour ce kilomètre supplémentaire de randonnée. Le mal des montagnes a ainsi brutalement fait son apparition, nous causant des maux de tête conséquents. Malgré ce désagrément, le retour n’est reste pas moins très charmant.
Puis il est temps de préparer la raison de notre venue dans cette région: le célèbre trek de Santa Cruz. Un classique d’un peu plus de 50 kilomètres conduisant les marcheurs à travers le parc Huascarán, réputé pour englober quasi toute la cordillère blanche (dont plus de 600 glaciers et près de 300 lacs) et protéger des espèces menacées (ours à lunettes, condor des Andes). Le tout en 4 jours et 3 nuits, et en totale autonomie! Et qui dit autonomie dit forcément passage au supermarché (TRÈS important) et location d’équipement. Trois heures d’emplettes plus tard, et nous voilà parées pour les prochaines journées: tente, matelas, sacs de couchage -20°C, bâtons de randonnée, réchaud, gaz, casserole, couverts, sans oublier quelques vêtements, la trousse de secours et SURTOUT, de quoi nous ravitailler. Bref, 11 kilos chacune sur le dos!
J1: Cashapampa (2906m) > Llamacorral Camp (3760m) - 9.6km - 854 D +
Après trois heures de transports en commun, nous prenons le départ du trek dans le petit village de Cashapampa.
Entre nos corps inhabitués au poids du sac à dos et une température avoisinant les 30°C, la mise en route est pour le moins difficile. Nous avons en outre choisi d’effectuer l’itinéraire en sens inverse afin d’épargner au maximum nos genoux, nous réservant ainsi une exténuante montée dans la chaleur et la poussière pour commencer!
On en vient même à se demander comment on va pouvoir tenir le rythme dans ces conditions lorsque le terrain s’adoucit enfin, nous permettant de réellement profiter des environs. Le canyon dans lequel nous évoluons est gigantesque, et on se sent bien minuscules face à cette puissante rivière et ces immenses parois qui nous encadrent.
Nous arrivons au camp sur les coups de 17h, de quoi nous laisser un peu de temps avant la tombée de la nuit pour nous familiariser avec la cuisine au réchaud et le montage de tente. Et puis on ne dit pas non à un petit feu pour nous réchauffer les pieds tout en savourant notre premier dîner (lentilles précuites).
J2: Llamacorral Camp (3760m) > Taullipampa Camp (4250m) - 12km - 490 D +
Après une nuit fraîche mais un réveil ensoleillé, nous attaquons notre seconde journée de trek dans la vallée. Vaches, chevaux et mulets sont désormais nos meilleurs amis pour cette incroyable épopée.
Nous poursuivons notre chemin entre marais et lagunes colorées, non sans remarquer au loin plusieurs pics enneigés. Je profite d’un cours d’eau pour réaliser une rapide lessive, histoire de ne pas trop embaumer la tente ce soir. Anouck ayant évidemment privilégié la nourriture aux vêtements, les t-shirts se font rares, mais un peu de savon et de soleil permettent de leur redonner un bon coup de propre et de les rendre comme neufs!
Puis nous traversons un mini désert qui n’est pas sans nous rappeler notre expédition namibienne. Si le plat fait du bien aux cuisses, le corps, lui, commence à souffrir. Que ce soit au niveau des pieds échauffés, du dos ankylosé ou de nos hanches ecchymosées, les kilo(mètre)s se font sérieusement ressentir. Les pauses se font plus fréquentes, que ce soit pour reprendre des forces (mandarines, cacahuètes, barres chocolatées) ou pour s’hydrater.
Heureusement, la vue ne cesse de s’embellir et de nous épater. Entourées d’une part du Nevado Artesonraju (6025m) et d’autre part du Nevado Parón (5600m), sans oublier la lointaine mais distinguable Laguna Jatuncocha, le tableau est envoûtant.
La dernière grimpée jusqu’au camp se révèle plus compliquée que prévue: les effets de l’altitude surgissent, et les nuages nous font presser le pas malgré la fatigue. C’est donc épuisées, à bout de souffle et sous quelques grêlons que nous atteignons le camp.
Mais c’est sans compter la météo très variable des montagnes, qui en à peine dix minutes se transforme pour nous offrir un ciel complètement dégagé. Nous prenons alors conscience du décor surréaliste dans lequel nous allons passer la soirée, juste au pied du monumental Nevado Taulliraju (5830m).
Surexcitée, Anouck trouve même le courage de prendre un bain de pied TRÈS revigorant tandis que je m’attelle à préparer un bon feu de camp.
Nous dégustons nos premières (d’une longue liste) nouilles déshydratées devant un magnifique coucher de soleil, de quoi nous remettre d’aplomb pour le lendemain, qui promet d’être une harassante journée.
La nuit est bien plus froide, et Anouck frôle la crise d’angoisse lorsqu’elle se réveille avec des difficultés à respirer. Mais on réussit à se calmer gentiment avant de retomber dans les bras de Morphée.
J3: Taullipampa Camp (4250m) > Punta Union (4750m) > Paria Camp (3870m) - 11km - 500 D + / 880 D-
C’est LE jour J, car considéré comme le plus difficile. En cause? 500 mètres de dénivelé jusqu’au passage du col de Punta Union à 4750m, suivis de 880 mètres de descente. Du coup, on ne lésine pas sur le gingembre et les feuilles de coca (pour l’énergie et contre le mal de l'altitude) dans la préparation de notre thé matinal. De quoi également nous réchauffer après un réveil givré!
Désormais délesté de quelques repas, le sac est plus supportable, tout ce que l’on espérait pour cette journée. C’est donc parti pour 4h de montée!
Sans un nuage à l’horizon, nous nous dirigeons lentement mais sûrement vers notre objectif, et déjà dans un cadre étourdissant. Le contraste entre les glaciers d’un blanc immaculé, la roche grise, les herbes jaunes et la lagune azur est saisissant!
L’ascension débouche sur le fameux Punta Union, point culminant du Santa Cruz. Le panorama y est absolument extraordinaire, et nous restons une bonne demi-heure bouche bée à le contempler.
Puis nous amorçons avec quelques inquiétudes la longue descente qui nous attend. Cette dernière est finalement plutôt douce, ce qui n’est pas pour déplaire à nos fragiles genoux. Soulagées, nous nous mettons à table et prenons le temps de profiter des nouveaux paysages qui s’offrent à nous.
Les quatre heures suivantes sont interminables, et on se dit qu’on a vraiment bien fait de randonner dans ce sens. Les quelques trekkeurs que nous croisons semblent tous découragés… Après 8h de marche, nous parvenons au camp et installons rapidement notre équipement. Mais mieux vaut bien surveiller nos affaires avec ces trois mules à l’affût de notre nourriture!
La nuit s’annonce glaciale, mais grâce à des bouillottes maison, on ne s’en sort pas si mal...
J4: Paria Camp (3870m) > Vaqueria (3375m) > Huaraz - 10km - 495 D-
On repart de bon matin et débutons notre dernière journée à travers une belle forêt enchantée, avant d’arriver dans une vallée quelque peu habitée.
Une fois sorties du parc national, le trek se poursuit à travers plusieurs villages ruraux où nous nous plaisons à observer la vie locale (cultures diverses, séchage du maïs, cuisine) d’habitants très souriants.
Et quand il n’y en a plus, il y en a encore… Après plus de 3h de marche, nous pensons avoir terminé lorsque nous nous rendons compte qu’il nous reste une ultime montée. Et pas des moindres! Maudite soit la personne qui nous avait assuré que les derniers kilomètres seraient “tranquilles”!
Nous atteignons le petit hameau de Vaqueria vers 12h30, d’où nous enchaînons avec 4h30 de colectivo. Et malgré une route à faire pâlir un mort, nous sommes captivées par l’environnement d’exception qui défile sous nos yeux, comme le Huascaran (6768m), plus haute montagne péruvienne!
C’est naturellement à bout de force que nous retrouvons notre hébergement, à la fois ravies d’avoir relevé le défi et pressées d’en découdre avec une douche chaude, un vrai repas et une bonne nuit. Quelques beaux rêves en perspective...
Et comme on n’en a pas assez, on remet ça… le surlendemain! On ne pouvait quand même pas passer à côté de la Laguna 69, LE joyau de la cordillère. Mais on reste sages en réservant une excursion, histoire de nous ménager temporairement. Temporairement, car après trois heures de trajet, c’est à nous de jouer! Le circuit est plutôt long (18 km) et raide (800m de dénivelé positif), et il faut dire que notre corps ne rêve que d’une chose: se reposer! On essaie bien de le duper avec le faux plat de la grande plaine que l’on commence par traverser mais rien n’y fait: la mise en jambes face aux géants blancs est éprouvante!
On finit par trouver notre rythme lorsque l’herbe sous nos pieds laisse place à de la terre et de la caillasse, nous annonçant une bonne grimpée en lacets. Heureusement, des paysages splendides nous accompagnent pour consoler nos mollets.
Le passage d’une première crête nous mène à une jolie petite lagune… qui n’est pas notre but. La randonnée n’est pas finie, et l’effort non plus à priori! La pente se fait plus intense, le souffle plus court, les jambes plus lourdes, mais on leur promet que c’est la dernière avant un moment. Une nouvelle crête dépassée, et on commence à apercevoir une étendue d’eau très bleutée…
A mesure que nous avançons, nous découvrons la magnifique lagune 69 surplombée par le glacier que l’on a eu en ligne de mire toute la matinée. Les couleurs sont stupéfiantes, d’un vif éclatant!
Après une bonne heure d’admiration, il est temps de redescendre, toujours dominées par ces montagnes démesurées qui ne feraient de nous qu'une bouchée!
Nous regagnons Huaraz une dernière fois, encore ébahies (et pas peu fières) de nos récentes aventures. Nul doute que nous nous en souviendrons longtemps et qu’elles nous ont donné l’envie de revenir! En attendant, direction Lima à bord d’un bus de nuit...
Lima & Environs
(28/06 - 05/07)
Si la capitale ne nous a pas fait grande impression à notre arrivée au Pérou, notre seconde expérience n’est pas plus engageante. Extrêmement encombrée (10 millions d’habitants), polluée, et sous une grisaille permanente, Lima se révèle chaotique et peu accueillante. Nous décidons justement d’y effectuer notre mission humanitaire, convaincues qu’il y a de quoi faire. Nous découvrons alors l’association Niños del Rio, qui vient en aide aux enfants des rues en leur apportant une assistance d’urgence et en les accompagnant dans leur réinsertion sociale. Déçues de ne pouvoir participer directement aux activités temporairement suspendues de l’organisation, nous avons néanmoins pris l’initiative de contribuer à notre façon… Récit à découvrir ICI.
Puis il est temps de récupérer un certain colis à l’aéroport… Nos amies Dominiques et Dominiques (pratique!), soixantenaires plus que dynamiques, venues nous rejoindre trois semaines au pays.
Leur séjour étant limité, nous ne perdons pas de temps et mettons le cap sur le littoral. 4h de bus plus tard, et nous voilà dans la petite station balnéaire et ancien village de pêche de Paracas. Nous en profitons pour déguster notre premier ceviche, accompagné d’un bon pisco sour, le cocktail typique de la cuisine péruvienne.
Le lendemain, ce sont deux bolides qui patientent devant la porte de l’hôtel pour partir à la découverte de la réserve nationale de Paracas. Vissées à nos mini-buggys, nous consacrons la matinée à parcourir les pistes de la vaste péninsule désertique et à contempler ses plages magnifiques. Sensations fortes garanties!
Le cadre sableux se prolonge à Huacachina, une oasis située au milieu du désert d’Ica. Sorti de nulle part, ce point d’eau naturel ourlé d’immenses dunes de sable est célèbre pour sa forte concentration en adrénaline via les nombreuses activités disponibles. Nous concernant, nous optons pour une balade en maxi-buggy ponctuée de sessions glisse... Fermement maintenues à nos sièges, nous entamons donc l’excursion à bord d’un énorme véhicule tout-terrain, histoire de nous habituer à cet environnement si singulier.
Notre premier arrêt nous permet de nous immortaliser au cœur de ce paysage invraisemblable avant de prendre progressivement conscience de ce qui nous attend.
En cause? Une descente de plusieurs dizaines de mètres… à plat ventre! Pour ce faire, nous nous équipons chacune d’une planche bien cirée avant de dévaler la pente sculptée par le vent en quelques secondes… et d’en redemander!
Et puis il est temps de nous trouver un emplacement d’où admirer l’incroyable coucher de soleil qui pointe le bout de son nez. Assises au sommet d’une des plus grandes dunes au monde (!), nous nous émerveillons devant ce décor oscillant entre rouges cuivrés et jaunes dorés.
A quelques centaines de mètres en contrebas s’étend le petit miroir d’eau bordé de palmiers exotiques et d’hébergements élégamment rustiques, à l’image de notre ecocamp et son concept de tentes bénéficiant d’une vue et d’un accès à la piscine.
Seule ombre au tableau, la pollution inhérente à l’afflux touristique très (trop) important, qui commence sérieusement à dénaturer l’oasis de Huacachina lui valant le surnom de “Gringoland”.
Nous finissons donc par délaisser ce parc d’attractions en devenir pour nous diriger vers le sud et l’incontournable (et plus paisible) ville coloniale d’Arequipa. Soit 12 heures à bord d’un bus de nuit, une première pour nos amies!
Arequipa & Environs
(06/07 - 10/07)
Si Arequipa passe après Machu Picchu et Cusco sur la carte touristique du Pérou, la deuxième ville du pays , dix fois moins grande que Lima, est pourtant sur un pied d’égalité en termes d’importance historique et de traditions gastronomiques. En atteste notre première visite au Mercado San Camilo, qui parmi les innombrables pyramides de légumes et de fruits, nous permet de nous familiariser davantage avec la variété de produits. Mention spéciale pour les pommes de terre, dont il existe 4000 différents types!
Gardée par trois volcans spectaculaires en toile de fond, Arequipa bénéficie d’un cadre privilégié mais néanmoins dangereux: des tremblements de terre frappent régulièrement la région, provoquant des dégâts plus ou moins importants.
Par chance, le centre historique émaillé d’édifices taillés dans le sillar (roche volcanique de couleur claire) et classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2000, a bien résisté au passage du temps. Arequipa est ainsi surnommée la “ville blanche” en raison des nombreux bâtiments clairs qui bordent la Plaza de Armas, à l’instar de son imposante cathédrale à l’architecture et l’esthétique uniques. Exempte d’ajouts modernes, la grand-place constitue un véritable musée à ciel ouvert, et ce n’est pas ses indénombrables églises et couvents richement sculptés qui diront le contraire!
Clou du spectacle, le Monasterio Santa Catalina, un incroyable ensemble monastique de 20000m² fondé en 1580 et occupant tout un pâté de maisons. Nous débutons la visite par l’arche du silencio, qui une fois franchie, impliquait de dédier sa vie à la prière et ne plus prononcer un mot. Après quatre années de noviciat, les futures religieuses avaient le choix de prononcer leurs vœux (en échange d’une dot élevée) ou de quitter les lieux (au risque de déshonorer leur famille).
Leur engagement affirmé, les nonnes passaient du cloître des novices à celui des orangers, autour duquel différentes chambres-cellules les attendaient. D’austères à luxueuses, ces dernières reflétaient la fortune des occupantes qui disposaient également de plusieurs servantes.
La flamboyante rue Toledo aboutit ensuite aux lavoirs, où les jarres étaient alimentées par l’eau de la montagne.
En se dirigeant vers le resplendissant clocher en sillar de la cathédrale, il est possible d’accéder à la cuisine commune puis à la place Zocodober et sa fontaine, où les religieuses se réunissaient chaque dimanche pour échanger des produits qu’elles fabriquaient (savons, pâtisseries…).
Enfin, le cloître majeur adjacent à la chapelle clôture notre exploration colorée du plus grand couvent du monde, qui accueille encore une vingtaine de sœurs (contre 450 à l’époque) désormais autorisées à sortir et à parler. Empreint de quiétude et de beauté, il s’agit sans conteste du site religieux le plus impressionnant qu’il nous ait été donné de visiter.
Mais découvrir Arequipa et négliger le Cañon del Colca équivaut à faire l’impasse sur le Machu Picchu une fois à Cusco. Nous poursuivons donc notre périple vers le second canyon le plus profond au monde (deux fois plus profond que le Grand Canyon américain), non sans traverser la Reserva Nacional Salinas y Aguada Blanca, un vaste territoire andin à 4800m d’altitude abritant une dizaine de volcans et peuplé de vigognes, cousines sauvages des lamas.
Deux heures de route plus tard, et nous distinguons enfin l’interminable Cañon del Colca, qui s'étend sur 100km et descend à plus de 3400 mètres.
Nous décidons de nous arrêter dans la bourgade peu fréquentée de Cabanaconde pour profiter davantage de cette curiosité. Une petite randonnée nous permet en premier lieu d’apprécier l’authenticité de la vie locale et sa tranquillité.
Puis nous accédons à deux miradors nous offrant une vue splendide sur la vallée. Ici, la profondeur du canyon et le temps généralement ensoleillé génèrent des courants ascendants dont les condors raffolent pour planer. Impossible d’affirmer si ce sont bien eux que nous avons observés, mais on se plaît à croire que c’était le cas. Si toutefois vous reconnaissez un autre type de volatile, veuillez ne PAS nous en faire part, merci :)
Le lendemain, nous reprenons le colectivo vers le pittoresque village de Yanque où nous passerons la nuit, juste après avoir profité des sources d’eau thermale de Chacapi.
Nous faisons ensuite la connaissance de Dulio, un guide reconverti en taxi le temps de la pandémie et qui accepte d’effectuer les 320km qui nous séparent de notre embarcation aux abords du lac Titicaca!
Lac Titicaca
(10/07 - 13/07)
Couvrant 8400km² à 3808m d’altitude aux confins du Pérou et de la Bolivie, le lac Titicaca est le plus grand lac d’altitude au monde, ce qui en fait une étape inéluctable du voyage. Lieu sacré de la culture andine, il est considéré comme le berceau de la vie et abrite une quarantaine d’îles majoritairement habitées par des populations indiennes, qui perpétuent l’héritage des civilisations pré-hispaniques installées ici depuis des millénaires. Pour notre première expérience dans la région, nous choisissons l’Isla Amantani. Avec ses 9km² et ses 4500 habitants répartis dans huit communautés, il s’agit de l’une des îles les plus reculées. Après une bonne montée à pied (véhicules interdits oblige), nous sommes chaleureusement accueillies par nos hôtes quechua Oswaldo et Beatriz. Ceux-ci s’empressent de nous montrer nos quartiers qui nous laissent bouche bée!
Nous enchaînons avec un excellent repas maison avant de rejoindre nos chambres sous un ciel constellé d’étoiles par milliers.
Après un copieux et toujours délicieux petit-déjeuner, Beatriz tient à nous partager un peu plus ses coutumes en nous vêtissant d’habits traditionnels qui nous siéent à merveille.
Puis nous partons en balade vers Pachamama (Terre-Mère) et Pachatata (Terre-Père), les deux collines protectrices surplombant l’île et jouissant d’une vue panoramique sur l’ensemble du lac Titicaca au milieu de vestiges incas.
A notre retour, Beatriz nous attend avec son beau sourire et… de grosses truites qu’elle s’apprête à rôtir. De quoi nous revigorer après notre belle matinée!
Les au revoir sont difficiles mais il nous faut déjà rejoindre notre prochaine destination: Llachon.
Situé sur la péninsule de Capachica, le pueblito de Llachon rivalise de beauté avec les îles voisines sans l’affluence touristique. Mais il faut dire qu’avec le Covid, nous sommes seules sur quasi chaque site! Nous séjournons cette fois chez Juana et Victor, dont nous sommes les premiers visiteurs depuis le début de la pandémie! Extrêmement cultivés, ils sont ravis de pouvoir à nouveau échanger avec des étrangers.
Ils nous mettent d’ailleurs au travail dès notre arrivée en nous faisant participer à la récolte et au battage des habas (fèves locales) cultivées sur place.
Puis nous nous attelons à la préparation du dîner sous les directives précises de Juana et de sa maman avant de faire connaissance autour du repas.
Nous apprenons ainsi que Victor, originaire du peuple aymara, a eu du mal à se faire accepter par l’entourage quechua de Juana. Langue, croyances, vêtements… Nombreuses sont les différences entre ces deux groupes ethniques directement issus de l’Empire inca. Mais Victor a su faire ses preuves et fait aujourd’hui partie intégrante de cette famille désormais multiculturelle. Passionnés de lecture, Juana et Victor ont soif d’apprendre et de transmettre. Partager leur quotidien relève ainsi pour nous d’une chance inouïe.
Victor profite du lendemain matin pour nous emmener à un endroit où il aime se ressourcer. Nous empruntons de petits sentiers à travers villages et campagnes avant d’atteindre au bout de deux heures de marche des ruines archéologiques d’où l’on peut admirer le lac à 360 degrés! Sérénité est le maître-mot en haut de cette colline sacrée.
L’après-midi est quant à elle consacrée à un atelier d’artisanat. Toute la famille est réunie et a à cœur de nous initier au tissage et au travail de la laine d’alpaga. Nous nous rendons alors compte du savoir-faire, de la concentration et du temps nécessaires à la confection de leurs créations.
Evidemment, on n’échappe pas à l’essayage de vêtements typiques, distinct selon l’âge et le statut marital. Il n’y a pas à dire, ils nous vont comme un gant!
Malheureusement, nous devons précipiter notre départ de quelques heures, une grève impliquant des barrages routiers se préparant imminemment. C’est donc avec regret et tristesse que nous quittons Juana et Victor à 2H du matin et que nous retrouvons Dulio, notre chauffeur pour la journée. Légèrement déphasées mais reconnaissantes de cette expérience si riche humainement, nous nous mettons en route pour plus de 13 heures de trajet.
Cusco & Environs
(13/07 - 01/08)
Heureusement, nous effectuons plusieurs arrêts, dont un à mi-parcours à Palccoyo. Cousine de la célèbre “Rainbow Mountain Vinicunca”, la montagne Palccoyo est la seconde montagne arc-en-ciel du Pérou et mérite tout autant le détour. Moins physique, la visite s’effectue via une promenade d’une heure permettant d’admirer à la fois la cordillère colorée et l’Ausangate enneigé, l’un des plus hauts sommets.
Sur le chemin, nous croisons de nombreux alpagas et vigognes ainsi que des habitants de la communauté qui acceptent gentiment (et contre un peu d’argent) de poser.
Palccoyo tient ses couleurs de la sédimentation de différents minéraux sur des millénaires (argile rouge, magnésium, fer, phyllite, soufre, zinc, oxydes divers…). Autrefois recouverte de neige, le réchauffement climatique n’a révélé ce spectacle naturel que récemment.
C’est vers 16 heures que nous parvenons enfin à destination: Cusco. Perchée à 3300m d’altitude, il s’agit de la plus ancienne ville du continent habitée sans interruption. Jadis capitale de l’Empire inca, la légende veut que Cusco ait été fondée au XIIème siècle par Manco Capac et Mama Ocllo (premiers Incas) après leur naissance dans le lac Titicaca. Cusco représentait alors le nombril du monde. L'expansion inca (de Quito à Santiago) se poursuivit jusqu’à la découverte du “Nouveau Monde” en 1532 par les conquistadors, qui forts de leurs chevaux et de leurs équipements, tuèrent des milliers d’Incas dénués d’armement. Cusco conquise, les Espagnols se tournèrent vers Lima, délaissant l’ancienne capitale qui redevint alors une ville coloniale parmi tant d’autres. Avec ses rues pavées, ses églises baroques et ses vestiges archéologiques, nulle cité n’est plus ancrée dans l’histoire andine.
La Plaza de Armas, ornée du drapeau rouge et blanc du Pérou et de l’étendard multicolore de la ville, régit le coeur historique. Elle abrite la cathédrale, dont la construction commencée en 1559 avec des blocs récupérés du site inca voisin, dura près d’un siècle. Elle est religieusement encadrée par l’Iglesia del Triunfo (la plus ancienne église de Cusco), et l’Iglesia de Jesus Maria avec sa façade finement ciselée.
La ville n’en a pas moins épousé la frénésie du monde moderne, parfois d’une manière déconcertante: des masseurs ambulants et vendeurs de coca (et +) se postent face aux édifices religieux, les fast-foods s’installent derrière les temples incas, tandis que des femmes localement vêtues donnent de l’eau en bouteille à leurs lamas et alpagas.
Désormais extrêmement touristique, Cusco ne manque évidemment pas de petits commerces et... restaurants! L’occasion de tester quelques bons établissements!
De quoi nous donner l’envie de prendre un cours de cuisine! Ce dernier est dispensé par Chris, chef péruvien formé au prestigieux Cordon Bleu d’Australie. Nous débutons l’activité par la traditionnelle visite du marché: fruits frais et séchés, féculents, maïs, fromages, sans oublier les têtes de cochon, de vache et autres abats.
Puis il est temps de se mettre aux fourneaux! Au menu: préparation du pisco sour national, suivi d’un bon ceviche (poisson blanc cru mariné et cuit dans un mélange à base de citron vert, piment, ail, coriande et gingembre), d’un quinotto (risotto de quinoa) puis d’un parfait aux fruits exotiques (chirimoya, pepino dulce, granadilla et physalis).
On n’en oublie pas pour autant la région environnante, en particulier la Vallée Sacrée. Nichée au pied d’impressionnants contreforts andins, elle regorge de lieux d’intérêt. C’est donc en trois jours et à moto que nous décidons de la sillonner.
De Cusco, nous effectuons une petite demi-heure de route avant d’arriver au village typique de Chinchero, réputé pour ses nombreux centres de textiles. L’un deux nous ouvre les portes de son atelier, où nous en apprenons davantage sur le processus de transformation de la laine d’alpaga (tonte, lavage, teinture naturelle, filage et enfin tissage). Difficile ensuite de résister aux nombreuses pièces proposées à la vente tant elles sont diversifiées et colorées.
Nous poursuivons notre route, non sans nous arrêter à plusieurs reprises pour photographier les magnifiques paysages qui nous accompagnent.
Puis au détour d’un virage, nous apercevons soudainement les monumentales Salinas de Maras qui nous laissent sans voix. Des milliers de puits de sel y sont exploités depuis l’époque inca. En nous rapprochant un peu plus, nous remarquons que les terrasses scintillantes sont traversées par un minuscule cours d’eau qui permet d’alimenter les bassins. Une fois dissous, le sel s’évapore grâce au soleil avant d’être récolté et exporté dans tout le pays par la coopérative des propriétaires de ces étangs spectaculaires.
Non loin, les vestiges archéologiques de Moray aux airs d’amphithéâtres étaient autrefois utilisés comme laboratoire de recherches agricoles. On pense que les différents niveaux des terrasses concentriques permettaient aux Incas de recréer des microclimats et donc de pratiquer des expériences de culture grâce aux écarts de température.
Nous finissons par rejoindre le village d’Ollantaytambo tout en profitant du cadre époustouflant dans lequel nous manœuvrons.
Le lendemain, place à l’imposante forteresse de pierre qui domine la cité. Construite à flanc de montagne, il s’agissait d’un centre militaire, religieux et politique, ainsi qu’un haut lieu de la résistance contre les conquistadors. C’est d’ailleurs le site d’une rare victoire inca sur l’armée espagnole en 1536. On y trouve plusieurs terrasses et édifices comme le Temple du Soleil érigés à partir d’immenses blocs de pierre parfaitement assemblés et dont le transport a dû nécessiter les efforts de milliers d’ouvriers. Inutile de mentionner la vue imprenable sur l’ensemble de la vallée!
Outre ses ruines, le village d’Ollantaytambo se révèle être le plus bel exemple préservé de l’urbanisme inca, puisque c’est l’un des seuls à avoir conservé son plan d’origine (ruelles étroites, pavage, fondations, canaux, patios). Rien n’a changé, comme si le temps semble s’y être arrêté.
Heureusement, une dégustation de bières artisanales dans une microbrasserie locale nous ramène rapidement à la réalité.
Notre deuxième journée s’achève dans un bel hôtel, cadeau des Dominiques pour nous remercier de cette virée.
La matinée suivante est consacrée à la visite du studio de céramique Pablo Seminario et… à une activité artistique. En effet, après un petit tour guidé de la maison, nous avons l’honneur de rencontrer Pablo et sa femme Marilu, deux des plus grands potiers du Pérou. Fondateurs de l’atelier, ils reconstituent et adaptent ensemble des techniques de céramique précolombiennes afin de les perpétuer.
C’est ensuite à nous de jouer! Pendant près de 3 heures, nous travaillons l’argile locale comme les Incas jusqu’à obtenir de beaux souvenirs.
Nous finissons par regagner tranquillement Cuzco, après plus de 170 kilomètres à scooter et des centaines d’images en tête.
Deux jours plus tard, c’est à la Laguna Humantay que nous nous attaquons. Pas évidente d’accès, nous optons pour une excursion organisée. Réveil à 4h du matin pour 3h de minibus avant un bon petit-déjeuner. Puis vient l’heure de chausser nos baskets de randonnée. C’est parti pour 2,5 kilomètres, dont 400 m de dénivelé! Si la montée en soi n’est pas très technique, elle n’en reste pas moins difficile et requiert une certaine condition physique. Les Dominiques assurent malgré l’altitude, et après 1H30 de marche, nous parvenons ensemble à la merveille naturelle de Humantay. Situé à 4200m au cœur de la Cordillère, ce lac aux couleurs vives est formé par la fonte des glaciers Salkantay (6270m) et Humantay (5473m) dont les sommets enneigés sont visibles tout au long de la randonnée.
Sur le retour, nous nous laissons “gentiment” bercer par les secousses de la route lorsque nous apprenons au hasard une grève des transports à l’échelle nationale à partir de… ce soir!!! Il nous faut réagir rapidement et trouver une solution, car sans moyen de locomotion, nous pouvons dire adieu au joyau du continent… Ni une ni deux, nous contactons en urgence une dizaine d’agences qui nous conseillent toutes de quitter la ville le soir-même pour notre destination. C’est ainsi que nous nous retrouvons, après six heures de trajet et un trek dans les mollets, à faire nos bagages en quatrième vitesse. Départ à 22h pour Santa Teresa, porte d’entrée du Machu Picchu que nous aurions atteint coûte que coûte.
Après une arrivée à 5h du matin, la journée est dédiée au repos et aux sources d’eau chaude des bains thermaux de Cocalmayo.
De quoi bien nous relaxer après ce périple mouvementé. Surtout que nous remettons ça le lendemain, puisqu’il nous faut rejoindre l'agglomération d’Aguas Calientes… à pied! A mi-chemin entre l'attrape-touristes et la nature sauvage, cette bourgade, unique point d’accès au Machu Picchu, est exclusivement accessible en train, ou comme nous, en suivant les voies ferrées.
Nous y arrivons après quasi trois heures de marche, partagées entre la fatigue accumulée et l’excitation d’être si près! Nous nous récompensons avec un énorme poulet à partager et des piscos dans des verres à eau!
Mais pas le temps de niaiser, il nous faut nous reposer pour nous préparer physiquement et psychologiquement à ce qui nous attend. Car si la plupart des voyageurs se résignent à effectuer en bus les derniers kilomètres jusqu’à la majestueuse citadelle, nous nous armons de courage pour nous lever à 5h du matin et effectuer cette dernière portion à la force de nos jambes.
C’est à 8h tapantes et sous un ciel ensoleillé que nous atteignons l’une des merveilles du monde. Nous sommes de suite conquises par la végétation luxuriante environnante et les sommets vertigineux à l’horizon.
Puis nous l’apercevons enfin! Totalement dégagée, la cité inca “perdue” de Machu Picchu nous tend les bras. Site archéologique le plus célèbre du continent, il demeura pourtant inconnu des conquistadors et resta dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte en 1911 par l’historien américain Hiram Bingham, guidé par des habitants. Si le débat fait rage quant à sa date exacte de fondation, sa véritable fonction (ville, centre politique, religieux, administratif) et les raisons de son abandon, son emplacement suggère qu’il s’agissait du centre névralgique des échanges commerciaux de la région. Quoiqu'il en soit, on ne peut que s’incliner devant la grandeur incontestée du Machu Picchu, qui a résisté à six siècles d’intempéries, d'invasions étrangères et de catastrophes naturelles.
Le belvédère principal nous permet d’apprécier une vue d’une ampleur inégalée, avec d’un côté les ruines incas et de l’autre les lointains pics enneigés de la Cordillera Vilcabamba.
Nous poursuivons la visite (en sens unique) afin d’admirer de plus près cette prouesse technique. On estime à 50 ans le temps nécessaire à sa construction. Perché à 2430m d’altitude, le site se dresse sur une impressionnante crête rocheuse, ce qui a dû demander un nivellement important, l’acheminement d’eau par des canaux en pierre ainsi que l’édification de murs d’étayage afin de pouvoir reproduire les cultures en terrasses.
Les murs, constitués de blocs de pierre polis et emboîtés sans mortier, encerclent l’esplanade centrale où paissent plusieurs lamas et marquent la séparation entre le secteur cérémoniel et les quartiers industriels et résidentiels. Difficile d’imaginer qu’à son apogée, Machu Picchu, qui signifie “vieux sommet”, comptait plus de 500 habitants!
Après deux heures d’exploration, il est temps de quitter la cité, véritable apothéose du voyage que nous avons eu la chance d’observer au calme et sous une météo idéale. Nous reprenons le chemin vers Aguas Calientes, d’où un train puis un bus nous ramèneront à Cusco tout en profitant (pour certaines uniquement) encore un peu du décor.
Vient ensuite l’étape incontournable des souvenirs avant de dire au revoir à nos amies, qui retrouveront la France tandis que nous nous envolerons bientôt pour la Bolivie. Un grand merci pour votre visite!
Ressentis
NOS COUPS DE CŒUR
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La diversité des paysages (déserts, montagnes, jungles, canyons, lacs, lagunes, villes coloniales)
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La chaleur des habitants
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Un très bon rapport qualité/prix
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La facilité de se déplacer et voyager
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Des sites uniques du monde
NOS DÉCEPTIONS
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Les arnaques touristiques dans la région de Cusco
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Un pays victime de son succès, très touristique et plein de Français!
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La corruption et mauvaise gestion des ressources par le gouvernement
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L’incohérence des restrictions sanitaires
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L’inexistence de chauffage dans les logements
Budget