Dépollution
Bali, Indonésie
Octobre 2019.
Bali, l’île des dieux connue pour ses montagnes volcaniques boisées, ses rizières, ses plages, ses récifs coralliens et ses retraites spirituelles...
Que se cache t’il derrière l’une des îles les plus convoitées de l’archipel indonésien?
L’image montrée sur les réseaux est-elle vraie? Est-elle toujours belle et pure?
Nous avons voulu voir l’envers de ce décor paradisiaque à travers une mission humanitaire proposée par Simone sur HelpX (plateforme de volontariat), une allemande expatriée à Seririt, au nord de Bali. Elle nous raconte avoir été horrifiée par la quantité de déchets présente sur les plages aux alentours, ainsi que les rizières et les ruelles. Elle nous explique avec ses mots: “je ne pouvais pas juste râler sans rien faire, il fallait que je fasse quelque chose”. Son projet se développera doucement mais sûrement. D’abord se promenant seule avec ses chiens, elle en profite pour ramasser les déchets qui se trouvent sur son chemin. Puis, étant donné la quantité astronomique de déchets, elle se rend vite compte qu’un coup de main ne serait pas de refus. Elle commencera ainsi à offrir le gîte en échange d’aide pour nettoyer les environs.
Nous sommes seulement restées quelques jours chez Simone, en raison du trop grand nombre de volontaires présents.
Il est vrai que nous cherchons de petites structures pour être au plus proche des locaux, avec peu de volontaires.
Notre journée type se présentait ainsi:
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Lever à 6h30
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Départ pour les rizières aux alentours de 7H, armés de gants et sacs à grande contenance
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Ramassage de déchets.
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Séparation des bouteilles en plastiques des autres déchets, données à des personnes défavorisées qui peuvent en tirer quelques roupies pour améliorer un peu leur quotidien.
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Allers-retours vers la déchetterie pour vider les sacs.
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Retour vers 10H chez Simone.
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Nettoyage du matériel (gants, sacs etc.)
Notre constat après quelques jours de mission:
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La quantité de déchets est démesurée. Lorsque l'on nettoie, on a l’impression de ne jamais pouvoir s’arrêter, tellement il y en a. Ce sont des empilages incessants. Car oui, Simone nous explique que l’endroit reste propre seulement quelques semaines. Peu de temps après, il faut de nouveau nettoyer. C’est un effort psychologique important et on se demande comment Simone peut ne pas se décourager face à la fatalité des choses.
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90% de ce que l’on ramasse est du plastique, le reste est désagrégé. Cela ne nous surprend pas, lorsque l'on sait que sa durée de vie est d’environ 1000 ans, souvent plus que certains eco-systèmes naturels eux-mêmes. Le plastique bouffe notre planète et rafle tout sur son passage. Notre consommation est excessive, ne laissant pas le temps à la nature de se reconstruire face à notre mode de vie.
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Les déchets (pour ne pas mentionner le plastique) se mélange à la nature, à la terre et aux exploitations agricoles. Nous sommes ébahies lorsque nous nous rendons compte que les rizières sont nourries par les déchets, qui deviennent une partie de la production elle-même. Ce sont des couches de plastique qui se superposent entre des couches de terre. Notre nourriture et nos aliments sont nourris par le plastique et donc intoxiqués. Mmh le bon ketan (riz blanc d’Indonésie)...
Que peut-on faire pour limiter les dégâts?
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NE PAS PRENDRE LA NATURE POUR UNE DÉCHARGE GÉANTE: ne pas jeter n’importe où. Le vent, l’eau et la nature elle-même déplacent les déchets qui se retrouvent à des endroits critiques tels que nos productions agricoles (ex: rizicultures en Asie).
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RÉDUIRE SA CONSOMMATION DE PLASTIQUE au maximum (sachets, pailles, bouteilles, gobelets etc). Se tourner vers des aliments en magasin qui ne se vendent pas dans des contenants en plastique. Utiliser des moyens alternatifs pour limiter les déchets (aliments en vrac dans des bocaux en verre réutilisables par exemple).
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RECYCLER. Nos ressources sont limitées et nous les exploitons comme s’il n’y avait pas de lendemain. Un jour, nous n’en aurons plus. Cela entraîne en même temps des changements climatiques importants et une perte de biodiversité. Prendre conscience que nous ne pouvons pas continuer ainsi. Que notre planète, notre maison à tous, est en danger à cause de notre mode de vie et notre surconsommation.
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PARTAGER, SENSIBILISER & ÉDUQUER. Nous ne pouvons pas agir si nous ne prenons pas conscience de certaines réalités. Les choses changent, mais trop doucement. Personne en particulier n’est à tenir responsable, nous le sommes tous. Ensemble. Réaliser que nos frontières sont invisibles à l’humanité. Que nous sommes et finirons tous dans le même sac et que personne n’est à blâmer. Qu’il faut partager, sensibiliser et éduquer, et non pas blâmer et rejeter. Nous sommes tous humains, nous sommes tous égaux, mais la vérité et que nous ne sommes pas tous nés dans le même contexte, avec les mêmes chances et accès. Il faut avoir le courage de voir plus loin que le bout de son nez et s’entraider.