Jordanie
(14/09 - 25/09)
On y est! Deux ans après notre grand départ, nous voilà aux portes de l’ultime destination de notre tour du monde. Et c’est la Jordanie que nous avons choisie pour clôturer cette merveilleuse épopée. Ancien carrefour des caravanes d’encens et d’épices, ce pays où se sont succédées plusieurs civilisations est paraît-il un véritable havre de paix au milieu des tempêtes qui bouleversent la région. De la légendaire cité de Petra à la capitale Amman, en passant par les incroyables sites naturels de la Mer Morte et du désert multicolore de Wadi Rum, nous avons hâte de suivre les pas de Lawrence d’Arabie et de partir à la découverte des joyaux d’Orient où se mêlent sculptures de l’homme et du vent.
Sommaire
Petra (14/09 - 17/09)
Et on commence sur les chapeaux de roues, puisqu’à peine débarquées de l’avion, nous passons rapidement l’étape PCR et l’immigration et récupérons notre voiture de location.
Direction Petra, la perle du Proche-Orient. Nous prenons donc la route vers le village de Wadi Musa, porte d’accès vers la mystérieuse cité cachée.
Le lendemain, lever aux aurores pour partir à la conquête de notre 4ème merveille du monde moderne. Pas question de perdre une minute du spectacle, sans compter qu’avec nos deux amis tourdumondistes retrouvés, on espère bien être parmi les premiers arrivés! Le centre des visiteurs passé, nous pénétrons dans le site comme dans un écrin bien protégé. En effet, c’est uniquement en empruntant le Siq que Petra, inscrite depuis 1985 au patrimoine mondial de l’UNESCO, peut se contempler. Creusé entre deux falaises culminant à 140 mètres, ce gouffre lissé par le temps et l’érosion est déjà à lui seul une véritable attraction. Nous prenons plaisir à déambuler dans cet étroit défilé, qui ne mesure que deux mètres de large à son endroit le plus resserré.
Sur les traces d’Indiana Jones, nous évoluons ainsi gaiement dans ce décor cinématographique et parvenons rapidement à bout des 1200 mètres sur lesquels débouchent la cité antique et son monument le plus symbolique.
Si nul ne sait précisément quand Petra a été construite, elle a commencé à prospérer comme la capitale de l’Empire nabatéen au Ier siècle av. J.-C. Située sur plusieurs routes commerciales reliant l’ancienne Mésopotamie à l’Egypte, la cité s’est graduellement enrichie grâce au négoce d’encens, de la myrrhe et des épices. Petra a ensuite été annexée à l’Empire romain jusqu’à ce que des tremblements de terre successifs et la modification des routes commerciales entraînent à partir du IVème siècle l’abandon progressif de la ville. Au VIIIème siècle, la cité semble largement désertée, alors qu’elle accueillait près de 25000 habitants à son apogée. Oublié pendant plus de 1000 ans, le site fut redécouvert en 1812 par l’explorateur suisse Jean Louis Burckhardt. Aujourd’hui, plusieurs structures complexes sculptées dans les falaises de grès et remarquablement bien préservées sont encore visibles et témoignent de l’influence gréco-romaine sur l’architecture nabatéenne. A l’image du Trésor (Al-Khazneh), la façade la plus emblématique de Petra. D’une hauteur de 40 mètres, ce fastueux tombeau taillé à même la roche est composé de colonnes massives et couronné d’une urne funéraire qui selon la légende locale, dissimule le trésor du pharaon. Et comme espéré, nous sommes seuls à admirer cet édifice d’exception!
Puis les premiers dromadaires surviennent, de quoi nous familiariser avec ce tout nouvel animal du voyage, et vaguement nous rappeler nos derniers lamas.
Evidemment, chaque angle se distingue du précédent et justifie une série supplémentaire de clichés, au grand dam d’Anouck qui redoute déjà le nombre de photos à trier.
Et voilà que les premiers rayons du soleil se lèvent, illuminant de plein fouet le Trésor et ses impressionnants piliers. Quel spectacle! Et quel privilège de pouvoir y assister en si petit comité!
Mais cette façade incontournable n’est pas le seul joyau archéologique de Petra. Les Nabatéens y aménagèrent également un ensemble de tombeaux monumentaux ainsi qu’une ville-basse comprenant des jardins, un vaste théâtre de 4000 places (le seul au monde sculpté dans la roche), un nymphée, des temples, puis avec l’influence des Byzantins, une rue à colonnades et des églises.
Nous entamons ensuite la montée vers le fabuleux monastère Ad-Deir, uniquement atteignable à pied (ou à dos de mulet) en raison des 800 marches sculptées qui en donnent l’accès. A l’arrivée, nous découvrons un immense bâtiment à la pierre patinée par le temps. Avec ses 47m de large et ses plus de 48m de haut, sans oublier l’imposante urne funéraire de 9m la surmontant, cette ancienne tombe Nabatéenne datée du IIème siècle a été réutilisée par les Chrétiens comme monastère, ce qui lui vaut son nom actuel.
Du sommet de la falaise à quelques mètres de là, le panorama sur la région est époustouflant. On profite donc du cadre pour récompenser nos efforts et nous reposer avec une petite pause thé.
Sur le retour, on aperçoit une dernière structure un peu cachée et ressemblant étrangement à une serrure, comme pour nous indiquer subtilement qu’il est temps de clôturer cette première journée.
Nous regagnons notre hébergement épuisés, mais toujours autant excités à l’idée de poursuivre notre approfondissement nabatéen le lendemain. Une courte nuit et un second réveil matinal plus tard, et nous revoici à parcourir l’étroit couloir menant au Trésor. La tentation est grande, mais on résiste à sortir les téléphones pour s’imprégner une énième fois du décor. On ralentit bien le pas devant la façade, mais on parvient à la dépasser sans nous arrêter afin de débuter notre randonnée. Au programme, 600 marches à gravir pour accéder à un point de vue inédit.
En redescendant, nous ne manquons pas de visiter les quatre tombeaux royaux, parmi lesquels figurent le tombeau de l’urne, le tombeau de la soie, le tombeau corinthien et le monument palais. Creusés dans la roche aux couleurs moirées, ces édifices funéraires ont de quoi étonner.
C’est exténués que nous quittons définitivement Petra, mais complètement émerveillés par ces deux derniers jours consacrés à cette incomparable cité.
Wadi Rum (17/09 - 19/09)
A peine avons-nous le temps de revenir à la réalité qu’une autre aventure nous attend: une immersion de deux jours et deux nuits dans le célèbre désert de Wadi Rum. Toujours bien accompagnées, nous partons pour le sud du pays où nous faisons la connaissance de notre guide Eid. Au volant de son 4x4, ce jeune homme bédouin de 25 ans a hâte de nous faire partager un bout de son paradis.
Et dès les premières minutes du circuit, nous sommes conquis. La mer de sable qui s’offre à nous, rythmée par d’imposants massifs de grès et de granit, nous transporte immédiatement dans une autre dimension. En prenant un peu de hauteur, on ne peut qu’approuver le surnom de “vallée de la Lune” donné à ce désert spectaculaire.
Evidemment, la dune immaculée ne passe pas inaperçue et donne à certains des idées… De quoi nous rappeler quelques souvenirs de Namibie.
Si l’on peut penser que les paysages désertiques peuvent lasser, Wadi Rum est tout autre! En effet, ce dernier est doté de nombreuses merveilles naturelles (montagnes, falaises, rochers, arches, grottes et canyons), sans oublier plusieurs gravures rupestres millénaires et quelques dromadaires. De quoi donner à ce cadre déjà remarquable encore plus de cachet.
Pour notre premier déjeuner, nous observons Eid avec étonnement lorsqu’il se met à laver les produits… sous notre véhicule aménagé. Quelle liberté de pouvoir partir en itinérance dans cet environnement: les matelas et couvertures sur le toit, les provisions dans l’habitacle, et nous les cheveux au vent. Complètement déconnectés de la réalité, nous vivons un moment hors du temps.
L’après-midi est dédié à la visite du canyon Abu Khashaba, un étroit corridor où sable blanc et sable rouge se côtoient entre deux monumentales parois. Les guides qui s’y croisent profitent d’ailleurs de la configuration des lieux pour se défier dans un authentique terrain de jeu.
Puis c’est notre tour de nous amuser un peu. Cramponnés à une corde au-dessus du 4x4, nous valdinguons de gauche à droite à la recherche d’un emplacement pour les dernières lueurs du jour. Et il n’y a pas à dire, les tons orangés se prêtent à merveille à ce coucher de soleil.
Vient finalement l’heure d’installer notre bivouac pour la soirée. Eid s’attelle au feu de camp et à la préparation du repas tandis qu’un ami à lui entonne des mélodies au son de sa mandoline. Encadrés par des lanternes faites maison, nous prenons conscience de notre chance et essayons de ne pas perdre une miette de ce décor fascinant. Sans parler du dîner gargantuesque qui nous attend!
Pour la nuit, c’est facile: chacun prend son attirail et campe où bon lui semble. Le but? Se réveiller en pleine nature avec la meilleure vue. Et après 8h de sommeil réparatrices, la mission est plus que réussie!
La matinée suivante, nous nous lançons à l'assaut de l’une des plus hautes montagnes de la région. Et si l’altitude n’a rien de comparable avec nos précédentes ascensions en Amérique du Sud, le panorama face à l’Arabie Saoudite est fantastique. Le sable y dispute l’espace à de puissantes formations géologiques, et on comprend pourquoi notre guide, toujours coiffé de son keffieh traditionnel, apprécie venir ici. Ressourcement garanti!
A midi, Eid poursuit notre initiation à sa culture lorsque nous découvrons par hasard que le désert… n’est pas si désert. Et pour cause! En m’éloignant un peu du camp, je tombe nez-à-nez avec un beau serpent! Eid accourt... trois ans qu’il n’en avait pas vu! Après l’avoir inspecté et évalué sa dangerosité, il estime qu’il vaut mieux le tuer et l’enterrer aux côtés de l’oiseau qu’il venait d’avaler.
Nous concernant, la digestion s’effectue tranquillement grâce à une petite marche menant à un nouveau point de vue, toujours marqué par ce contraste des dunes et des rochers.
Et si la journée a de nouveau été riche en couleurs, nous sommes loin d’imaginer que le coucher de soleil et le crépuscule auxquels nous allons assister vont enflammer les montagnes de grès nous encadrant. Le tableau est envoûtant!
A l’abri du vent, nous établissons le campement où nous allons passer notre ultime soirée et pendant laquelle Eid ne cessera de nous partager son art de vivre avec fierté et générosité. Au coin du feu, dans une atmosphère des plus chaleureuses, nous pourrions passer des heures à le regarder, à l’écouter raconter son histoire et à fredonner spontanément des chants de son enfance et de son adolescence.
Et c’est en plein cœur des montagnes et sous un festival d’étoiles que nous nous endormons, bercées par le silence et les images de la journée.
Le lendemain, c’est tristes mais extrêmement reconnaissantes que nous nous dirigeons vers la sortie du site. Jamais nous n’aurions espéré vivre l’une des expériences les plus captivantes de notre tour du monde. Un grand merci à notre guide Eid, à Atallah et à Wadi Rum Jordan Guide qui nous ont concocté un programme inoubliable.
Mer Morte & Environs (19/09 - 22/09)
Là c’est sûr, il nous faut au moins la matinée pour nous remettre de notre expédition et de l’intensité générale de notre périple en Jordanie. Désormais seules, nous retrouvons notre logement à Wadi Musa avant de mettre le cap vers le nord et la mer Morte. Sur la route des Rois, nous faisons étape à Al-Karak, dont l’ancienne forteresse domine la ville. Autrefois théâtre de nombreuses batailles, le château a conservé ses portes, sa chapelle, son donjon, son glacis et ses murailles.
Si nous n’avons pas l’occasion d’observer de plus près l’architecture des Croisés, nous ne manquons pas de nous ravitailler. Et bien que le petit restaurant que nous avons choisi n’inspire pas forcément confiance, nous savons par expérience que c’est dans ce genre d’établissements que nous vivons certains de nos favoris gastronomiques. Et comme nous nous y attendions, l’hospitalité, le service, les quantités et le goût sont plus qu’au rendez-vous.
Nous prenons ensuite la direction de Wadi Mujib, le “Grand Canyon” du pays. Et quoi de mieux qu’un parcours aquatique pour le découvrir? Équipées d’un gilet de sauvetage et de nos chaussures de randonnée, nous nous lançons dans un canyoning de folie en totale autonomie. Entre rochers à escalader, échelles à grimper, cordes à attraper, bassins à traverser et poissons mordeurs à éviter, nous nous donnons à cœur joie dans cette activité et cet environnement si singuliers.
Et après l’eau douce, place à l’eau salée! Pour ce faire, rien de plus simple, il suffit de se garer n’importe où sur le bas-côté, la mer Morte bordant la Jordanie sur près de 50 kilomètres à l’ouest.
Serviette à la main et tongs aux pieds, nous partons donc toutes guillerettes vers la plage… de sel. Située à 429 mètres en dessous du niveau marin, la mer Morte est en effet un lac salé, et accessoirement le point le plus bas de la Terre. Impossible de s’y baigner comme on pourrait l’imaginer, mais sa forte salinité (7x plus que dans une autre mer) permet en revanche... d’y flotter! Bien que pas très agréable, un petit bain dans la mer Morte reste un incontournable. Idéal pour ceux qui ne savent pas nager, mais un peu moins pour les voyageurs comme nous qui font la grimace à cause des brûlures dues aux bobos accumulés.
Amman (22/09 - 25/09)
Et c’est bien huileuses (encore une bonne surprise) que nous reprenons la route pour notre dernière étape: Amman. Sur les conseils de locaux, nous rendons la voiture de location à l’entrée de la capitale, et heureusement! Car en voyant le trafic et la conduite ici, on se dit qu'on n'aurait pas tenu longtemps!
Dès notre arrivée, nous remarquons une agglomération simple et sans prétention. Exit les gratte-ciel et les buildings en verre, Amman semble être une ville à échelle humaine malgré ses quatre millions d’habitants.
Et si les sites comme Petra, Wadi Rum et la mer Morte ont contribué à laisser la capitale dans l’ombre, cette dernière a pourtant aussi de quoi rassasier l'œil et l’esprit. Comptant parmi les villes les plus anciennes du monde (9000 ans), Amman a en effet vu défiler de nombreuses civilisations, dont quelques vestiges subsistent. A commencer par la citadelle qui derrière son mur d’enceinte, abrite encore trois chefs-d'œuvre: le temple romain d’Hercule (IIIème siècle), la Basilique byzantine et le Palais des Omeyyades (VIIIème siècle). Les ruines encore debout témoignent de la grandeur des différents empires qui y ont siégé.
Surplombant Amman, la citadelle est en outre le meilleur endroit pour profiter d’un panorama à 360 degrés, et d’où l’on peut parfaitement distinguer le Théâtre Antique, autrefois érigé pour la venue de l'empereur romain Hadrien.
Nous nous offrons un véritable voyage dans le temps lorsque nous constatons la présence d’un drapeau rouge familier… Vous l’aurez deviné, nous sommes bien en train d’assister en direct à la quinzième saison de Pékin Express! Inutile de préciser que notre excitation est à son comble! Sans trop y croire, nous décidons donc de patienter un peu, jusqu’à ce que l’on voit soudainement débarquer toute l’équipe de tournage, plusieurs candidats et notre cher Stéphane!
On n’en oublie pas nos estomacs pour autant, et tout en évaluant nos chances de participer à la seizième saison, nous nous restaurons à Hashem, une institution. Ouverte jour et nuit depuis 1956, c’est l’une des cantines les plus fréquentées du pays.
Notre séjour à Amman s’achève ici, et met fin à notre roadtrip en Jordanie ainsi qu’à deux ans de péripéties autour du monde. Mais pas d’inquiétude, car si le voyage s'arrête physiquement, vous vous doutez que nous ferons tout pour le prolonger et le faire vivre autrement. Affaire à suivre...
Ressentis
NOS COUPS DE CŒUR
-
Des sites archéologiques époustouflants
-
Des aventures uniques à vivre une fois dans sa vie
-
L'hospitalité des Jordaniens
NOS DÉCEPTIONS
-
Le manque de transports publics
-
Le rapport qualité/prix élevé (hébergements, repas, transport...)
Budget
