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Lutte contre la pauvreté

Tikondane Community Centre 

Katete (Zambie)

Décembre 2020.

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La Zambie, qui n'était censée être qu'un moyen de se rendre de la Tanzanie à la Namibie, s'est avérée être bien plus que cela grâce à notre expérience de volontariat au Tikondane Community Centre. On entend rarement parler de ce pays dans les médias, si ce n'est pour son niveau élevé de pauvreté ou ses exportations de cuivre. Bien que nous ayons été témoins de conditions de vie difficiles, nous nous souviendrons toujours de la Zambie pour sa richesse humaine. C'est certainement grâce à Tikondane, qui nous a permis d’accéder aux villages ruraux de l'Est de la Zambie (Katete) et à ses chaleureux habitants.

Sommaire

Contexte

La Zambie reste l'un des pays les plus pauvres au monde, bien qu'elle n'ait jamais été en guerre comme la plupart de ses voisins. Actuellement, environ 64% des Zambiens gagnent moins que le seuil de pauvreté international de 1,90$/ jour, 40% d'entre eux vivant dans l'extrême pauvreté, soit avec moins de 1,25$/ jour (Banque Mondiale, 2020). Comme dans de nombreux pays, la répartition des richesses est inégale, mais encore plus en Zambie, où la proportion de pauvres est nettement plus élevée que celle des riches. Cela fait de l'appauvrissement l'un des défis les plus profonds auxquels la Zambie est aujourd'hui confrontée.

Contexte

De nombreux problèmes économiques, aggravés par le Covid 19, contribuent à ce taux de pauvreté élevé. 

  • La dette croissante du gouvernement (intérieure et extérieure) que le pays peine à rembourser. La Zambie doit actuellement plus de 27 milliards de dollars aux créanciers internationaux, dont une forte proportion à la Chine et à l'Europe (Banque Mondiale, 2019).

  • Les secteurs de l’éducation et de la santé ne sont pas assez financés, principalement à cause de ces dettes. Cela pousse le personnel hautement qualifié (médecins, scientifiques, enseignants…) à migrer vers d’autres pays du monde.

  • L'éducation n'étant pas une priorité établie par le gouvernement, le problème de l'analphabétisme n'est pas abordé. Ceci, combiné à un important taux de natalité (et donc une croissance démographique rapide), se traduit par un chômage très élevé.

  • Le manque de diversification économique du pays et sa dépendance au cuivre en tant que seule grande exportation rendent la Zambie vulnérable aux fluctuations du marché mondial des produits de base (et d’autant plus lors d’une pandémie…). Sa situation géographique isolée lui rend de plus l'accès aux services et aux marchés difficile.

  • Le gouvernement ne parvient pas à considérer l'agriculture comme un secteur qui permettrait à la Zambie de réaliser une croissance économique durable et de réduire la pauvreté. ¾ des personnes pauvres vivant en zone rurale (Unicef, 2018), cela met en évidence les mauvaises politiques agricoles nationales. Le commerce ayant diminué et les récentes sécheresses ayant eu un impact sur les récoltes, les conditions des agriculteurs se sont sérieusement aggravées.

  • Le Covid 19 a exacerbé la situation macroéconomique déjà fragile de la Zambie et a augmenté son niveau de pauvreté et sa vulnérabilité. Le kwacha (monnaie locale) a déprécié de 30% depuis début 2020 (Banque Mondiale, 2020), augmentant ainsi la dette extérieure et les menaces inflationnistes qui l’accompagnent. La baisse des exportations et des entrées de capitaux continuera d'exercer une pression supplémentaire sur les réserves de change.

Pour comprendre la pauvreté en Zambie, il est également important de mentionner le nombre conséquent de personnes atteintes du VIH/SIDA. Malgré de grands progrès ces dernières années, le SIDA reste l'une des principales causes de décès chez les Zambiens. Parmi les autres raisons majeures figurent la tuberculose (liée au VIH/SIDA), le paludisme (qui attaque les populations les plus vulnérables, représentant 40% des décès des enfants de moins de 5 ans; OMS, 2020), les infections respiratoires et les maladies diarrhéiques telles que le choléra et la dysenterie (CDC, 2019).

L’ensemble de ces problèmes forme un cercle vicieux connu sous le nom de cycle de pauvreté, où chaque élément a pour effet d’en aggraver un autre. Il est ainsi extrêmement difficile pour un individu de s’extirper de ce piège et d’initier les mesures nécessaires pour s’en sortir.

déclin économique → faible revenu personnel → moins d'accès à la nourriture, à l'eau potable et à l'éducation → faible estime de soi, manque de contrôle → taux de natalité élevé, plus de personnes à charge à la maison → encore moins d'accès à la nourriture, à l'eau potable et à l'éducation → faim et assainissement médiocre → maladie, malnutrition → manque d'énergie et de compétences pour travailler → main-d'œuvre épuisée → faible productivité → déclin économique

Ce cycle nous permet également de réaliser que l’argent n’est pas suffisant pour échapper à la pauvreté. En effet, le concept de pauvreté est multidimensionnel, et capture non seulement l’aspect monétaire, mais englobe aussi la privation de droits fondamentaux dont sont victimes les individus dans leur vie quotidienne tels que la santé, l’éducation, l’emploi, entre autres.

Venant d'un pays développé, il est si facile de penser "qu’avec un peu de détermination, ils peuvent changer leur situation!" ou que "c’est le choix du peuple de s’en sortir!". Et s'il est vrai que la responsabilité incombe au gouvernement local et que c’est à lui de trouver des solutions pour permettre à ses citoyens de survivre, ce dernier mot en dit long: on parle ici de survie. Non pas de vie, mais de survie. Jusqu’à quel point des millions d’individus doivent-ils subir la mauvaise gestion de leur gouvernement? Il faut se rendre à l’évidence que dans ces conditions, le cerveau est totalement incapable de penser à autre chose qu'à survivre. Toute l’attention du corps et sa volonté se concentrent sur la première étape de la pyramide des besoins: manger, boire et dormir.

Dans cet article, nous vous donnons la chance de voyager avec nous et de partager notre expérience avec des personnes pauvres, pour la plupart des agriculteurs zambiens, extrêmement gentils, accueillants et chaleureux, et qui s'efforcent de sortir de ce cercle vicieux.

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Tikondane Community Centre

Tikondane Community Centre

Dans la langue locale Chewa, «Tikondane» signifie «aimons-nous les uns les autres». N’est-ce pas là un nom parfait pour motiver cette aventure, la 4ème expérience de volontariat de notre tour du monde humanitaire?

Le commencement

Tikondane Community Centre (Tiko) doit sa création à la détermination et à la sagesse d'une femme unique: Elke Kroeger-Radcliffe, veuve australienne d'origine allemande, profondément attachée au Royaume-Uni et qui a parcouru le monde pendant de nombreuses années afin d’étudier la psychologie interculturelle.

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Après avoir suivi un cours d'infirmière à Sydney pour lutter contre la pandémie du VIH/SIDA en Afrique et en particulier en Zambie, elle arrive à l'hôpital St. Francis en 1993 dans le but de former des infirmières en réponse à la crise.

Au cours des années suivantes, elle s’immerge dans la culture zambienne, se concentre sur l'apprentissage de la langue locale et commence rapidement à travailler sur le problème le plus pressant et le plus évident à l’époque: l'analphabétisme. Lorsque les villageois rejoignent en nombre les cours dispensés à l'hôpital, un endroit plus adapté se doit d’être trouvé… c’est ainsi que le Tikondane Community Centre voit le jour!

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Le professeur Jack Radcliffe, défunt mari d’Elke, offre les véritables fondations à ce projet, puisque c’est sa pension qui permet de fonder l’association. Depuis lors, Elke dédie sa vie à l’ONG et à son développement.

Rayonnement de Tiko

On estime à environ 244 000 le nombre de personnes vivant à Katete (région Est de la Zambie à la frontière avec le Malawi).

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La zone d'activité de Tikondane couvre environ 16 000 personnes, la plupart d'entre elles dépendant de l'agriculture de subsistance pour produire la culture vivrière du maïs. Le sol est pauvre en raison de l'utilisation d'engrais artificiels, ce qui entraîne de faibles rendements. Après la récolte, les produits sont vendus afin de pouvoir se procurer les produits de première nécessité tels que du sel, du savon ou des vêtements. Par conséquent, en janvier, soit trois mois avant la prochaine récolte, les stocks de maïs s'épuisent et la saison de la faim commence. Ajouté à cela cela la malnutrition, l'eau insalubre, les conséquences du VIH/SIDA et le manque général d'opportunités en termes d’éducation, et on comprend rapidement à quel point la vie peut se révéler difficile à Katete.

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Première vision

Tiko a rapidement évolué d'un lieu offrant des cours d'alphabétisation à un centre communautaire géré pour et par les habitants de Katete. A l’origine de cette idée, un autre membre important de l’équipe: Doris.

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Elle explique en effet à Elke que les femmes n’ont pas seulement besoin d'apprendre à lire et à écrire, mais qu’elles manquent cruellement d’un travail, beaucoup d'entre elles s’adonnant à la prostitution pour survivre. Ce besoin est d'autant plus important et urgent qu’en 1999, le VIH/SIDA atteint son paroxysme. Tiko se transforme ainsi en un endroit unique. Contrairement aux autres ONG, celle-ci est gérée par 75 membres locaux aux familles nombreuses et dont seulement la moitié a eu accès à l'éducation. Dans les villages, il y a encore cette culture où tout se partage au sein de la famille dite élargie. Doris en est un bon exemple: elle a elle-même 5 enfants et s’occupe de ses neveux et nièces dont les parents sont morts du VIH/SIDA. De plus, ses proches n’ayant aucun revenu, ils lui confient également leurs enfants. C’est grâce à la fiabilité de la famille élargie que les gens peuvent survivre à un taux de chômage extrêmement élevé et ne pas se sentir constamment dans le besoin. 

Financement

Depuis sa création, il était évident que Tikondane ne pouvait pas uniquement survivre grâce aux dons, d’où la nécessité de créer des activités génératrices de revenus (AGR) afin de réinvestir durablement dans Tiko et faire prospérer l’association. Ainsi, outre l'enseignement, une partie de la structure existante a été transformée en auberge de jeunesse et restaurant. Le lodge est alors devenu la principale source de revenus du centre, bien qu’en raison du  Covid 19, cette activité est actuellement à l’arrêt depuis mars 2020, faute de visiteurs. Tiko produit également son propre pain, sa confiture et son beurre de cacahuètes, consommables sur place ou disponibles à la vente au Food Shop. Une boutique d’artisanat a aussi été mise en place et propose de nombreux articles manuellement confectionnés (vêtements, savon, animaux en peluche, poupées tricotées, sets de table, etc.).

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Mission actuelle

Katete étant une province rurale très pauvre, les gens dépendent fortement de l'agriculture pour se nourrir. La plupart des habitants sont des agriculteurs/ices avec leur champ comme unique ressource. En voulant améliorer la condition des femmes de Katete, Elke a réalisé qu’il était d’autant plus important de les aider à s’aider elles-mêmes”. Des séminaires sur les thèmes de la santé, le VIH/SIDA et le développement ont mis en évidence les principaux besoins.

C’est ainsi que le plan des “19 étapes adressées aux agriculteurs de subsistance pour sortir de la pauvreté” a été élaboré. Depuis lors, la mission de Tiko est de lutter contre la pauvreté à Katete à travers une meilleure éducation, une meilleure santé et une indépendance progressive; en aidant les locaux à s'aider eux-mêmes tout en maintenant leurs valeurs traditionnelles.

L’ensemble des sujets abordés démontre de Tiko une compréhension multifactorielle du concept de pauvreté. En développant non seulement des activités génératrices de revenus mais aussi l'accès à des services de base, l'ONG tente de s'attaquer à toutes les dimensions de ce fléau dévastateur.

Notre participation aux activités de Tiko

Notre participation aux activités de Tiko

Dès notre arrivée au Centre communautaire de Tikondane, nous avons la chance de contribuer à plusieurs des principales activités de l'association.

Communication, administration, marketing et levée de fonds

Nous passons beaucoup de temps avec la directrice de l'ONG, Elke. Comme son statut l'indique, elle est responsable de toute l'administration de Tiko (marketing, communication, développement, levée de fonds…). Elle accueille avec enthousiasme nos compétences informatiques grâce auxquelles nous optimisons la visibilité de l’association. De notre côté, nous sommes curieuses de découvrir le fonctionnement et la gestion d’une telle structure.

Elke représente clairement LE pilier de Tikondane. Chaque matin, elle attribue les tâches à chacun pour la journée. La réunion hebdomadaire à laquelle nous participons permet aux responsables de chaque département (santé, lodge, restaurant, maintenance, champs, jardin, artisanat…) et aux représentants de chaque projet (malnutrition, permaculture…) de rendre compte de la semaine. Les communautés environnantes sont également représentées grâce à la présence de certains des chefs des 53 villages, concessions et sections.

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Nous échangeons beaucoup avec Elke, qui nous confie ses inquiétudes quant à sa succession. Il est vrai qu'on ne rencontre pas tous les jours une personne ayant consacré 27 ans de sa vie à la lutte contre la pauvreté d’une communauté rurale... Elle est la seule muzungu (personne blanche) de l'association, obtient la majorité des dons de ses propres relations, et même si elle travaille quotidiennement aux côtés de personnes fiables, peu d'entre elles ont la possibilité de poursuivre des études, ce qui rend l’élaboration d’un plan de viabilité pour Tiko difficile.

Tourisme

Si nous avons séjourné au chouette Tiko Lodge le temps d’une nuit, nous avons vite changé d’avis en raison des 15 énormes araignées qui avaient déjà élu domicile sur les murs de la chambre, certaines d’entre elles de la taille de nos mains!

Nous avons donc décidé de rester au lodge voisin afin de pouvoir nous reposer convenablement et ainsi être en plein forme et totalement disponibles pour le volontariat. Nous sommes cependant ravies de manger au restaurant de l’association tous les jours. Je suis enchantée de passer du temps avec les chefs et d’apprendre à cuisiner le Nshima, le plat national du pays à base de poudre de maïs.

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A manger à la main bien sûr, face à Marie qui me regarde avec inquiétude, redoutant déjà la prochaine phase d’adaptation.

Heureusement, elle ne peut pas résister aux nombreux bébés de la communauté (et peut-être que moi aussi).

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Nous adorons nous retrouver dans la véranda de Tiko, la salle commune où tout le monde se réunit pour manger, discuter, rire et partager des moments ensemble. L’ambiance y est tellement chaleureuse.

Education

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A cause des vacances de Décembre, la plupart des activités éducatives sont suspendues (petite enfance, enseignement primaire, cours d’alphabétisation, d’anglais, de gestion de petites entreprises, d’informatique pour adultes), mais Tiko continue de soutenir son équipe avec des bourses dans différents secteurs (actuellement comptabilité, électricité et food & beverages).

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Les réunions des stagiaires de l’ONG sont également maintenues. Nous avons d’ailleurs la chance de diriger l'une d'entre elles sur le thème de la compréhension culturelle (choisi par nos soins bien sûr!). Voyager nous permet d'ouvrir les yeux sur le monde et d'élargir notre perspective sur différentes manières de penser et de vivre. Nous ne le répéterons jamais assez, mais nous avons tellement à apprendre les uns des autres. Nous nous rendons compte que chaque pays, comme chaque personne, a ses forces et ses faiblesses. Des choses à prendre et à laisser. C'est un cours très dynamique et nous recevons des retours très positifs. Les stagiaires sont heureux d'échanger avec nous sur nos cultures respectives.

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Ils sont vraiment surpris de la différence entre nos traditions de mariage et les leurs. Nous leur expliquons que chez nous, il est possible d’être en couple et de vivre ensemble sans être mariés, que nous pouvons choisir de rester célibataire toute notre vie, et que le nombre moyen d'enfants par famille est de 2. Ils paraissent interloqués. A Katete, une famille est généralement composée d’une dizaine d’enfants et les couples se marient très jeunes. Concernant la répartition des tâches du foyer, “les femmes cuisinent, font le ménage, s'occupent des enfants et les hommes vont au travail, s'ils en ont un!”. Du coup, ils sont littéralement sous le choc lorsque j’explique que mon père cuisine à la maison et que celui de Marie est chargé de la lessive. Bon, c’est vrai qu’il est un peu compliqué d'avoir leurs impressions sur nous car ils ont peur de notre réaction et/ou redoutent d'être jugés. Mais l’un d’entre eux se lance et nous raconte que: «la première chose que je pense en voyant des muzungus est que ce sont des gens très instruits et très riches». Difficile pour eux de ne pas définir notre culture par la «culture blanche». Comment leur en vouloir? Ils n’ont même pas les moyens de se déplacer dans leur propre pays, comment pourraient-ils se permettre de venir en Europe afin de découvrir nos différences?

Nous échangeons également sur nos systèmes éducatifs, sur la place de l'agriculture dans nos économies respectives et nos coutumes générales.

Nous ne manquons pas de leur dire à quel point nous sommes admiratives de leur ouverture d’esprit. En effet, La Zambie n’a jamais connu de conflit religieux, malgré la prévalence du christianisme (plus de 85% de la population; ZamStat, 2020). Le pays représente un réel exemple de tolérance, où chacun est libre de pratiquer la religion de son choix. Les tensions religieuses que nous connaissons en France les consternent. Cette session d’échange est très enrichissante et tous les participants (nous y compris) prennent plaisir à partager leurs différentes expériences.

Agriculture durable et techniques agricoles

Conformément aux directives de l’ONG concernant les “19 étapes adressées aux agriculteurs de subsistance pour sortir de la pauvreté”, les locaux de Tiko mettent en œuvre un certain nombre de mesures dans leur vie quotidienne.

  • Toilettes sèches et compost

En remplaçant les toilettes standard par des toilettes sèches, l'eau peut être économisée et les déchets humains peuvent être naturellement transformés en compost pour l'agriculture. Les femmes de la communauté se révèlent très enthousiastes à cette idée, les latrines ouvertes n’étant pas hygiéniques en termes de maladies (choléra) et de bien-être général (odeur, propreté).

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Grâce à la méthode Berkeley, le compost peut être fabriqué en seulement 18 jours depuis sa collecte jusqu'à sa décomposition, et enfin son utilisation dans le sol. Le compost permet non seulement d’enrichir les cultures en nutriments, mais également d’économiser de l'eau  et d’agir comme un engrais naturel contre les termites.

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  • Diversité de cultures

Les agriculteurs sont encouragés à cultiver divers types d'aliments ayant différents apports nutritionnels (défense, énergie, musculation), qu’ils soient réservés à la consommation directe ou à la vente (épicerie et marché). 

  • Le maïs, ingrédient principal du nshima (plat national), bien qu'il soit responsable d’hypertension artérielle et de diabète lorsque trop fréquemment consommé. 

  • Le yam (également utilisé pour le nshima), moins cher à cultiver, plus nutritif et moins gras que le maïs car il contient moins de sucre. 

  • Le moringa et ses nombreux bienfaits (7 x la vitamine C des oranges, 4 x la vitamine A des carottes, 4 x le calcium du lait, 3 x le potassium des bananes, 2 x la protéine du yogurt). 

  • Le soja pour du porridge riche en protéines, des crêpes et des saucisses. 

  • Des arachides pour les snacks, la production de beurre de cacahuètes et en tant que valeur ajoutée à d’autres aliments. 

  • Le tournesol pour l'huile de cuisson. 

  • Les fruits (mangues, papayes, masukus, avocats) consommés en tant que tels ou employés à la fabrication de confiture.

  • Les autres légumes (tomates, oignons, choux…).

  • Plantation d’arbres

Outre les céréales et légumes, les agriculteurs reçoivent des semences d'arbres à planter afin de dynamiser et renouveler l'écosystème (arbres fruitiers).

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Les arbres semés servent aussi de petit bois afin de remplacer le gros bois de chauffage et ainsi éviter le gaspillage. Il est utilisé comme combustible dans des fours en terre à économie d’énergie placé au centre d’une cuisine “extérieur” afin de ne pas inhaler de fumées toxiques.

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  • Elevage d’animaux

Tiko fournit également aux agriculteurs des lapins et pigeons destinés à la consommation personnelle (contribuant ainsi à la diversification de nourriture), à la reproduction et à la vente. Nous avons justement la chance de visiter les villages alentour afin de découvrir cette initiative de nos propres yeux. Les pigeons sont riches en protéines et représentent un moyen de gagner rapidement de l'argent en cas d'urgence. Ils nécessitent peu d’entretien si ce n’est un “kraal” (pigeonnier) et de la nourriture.

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Depuis 2020, Tiko investit dans l'élevage de poulets. Après avoir construit les poulaillers, clôtures et puits nécessaires au projet, ce dernier a débuté dans les locaux de Tiko avec l’achat de 40 Australots noirs, puis chez Joy (membre de Tiko) qui en a reçu 30. Joyce (autre membre de l’équipe) attend quant à elle avec impatience ses 40 Kuroilers (race indienne) qu’elle recevra prochainement. Il est possible de faire vacciner les poulets par un vétérinaire en cas de maladie, et un incubateur a été acheté afin de maximiser la production d'œufs. L'idée est d’agrandir rapidement les différents troupeaux dans le but de produire plus d'œufs et plus de viande pour d’une part diversifier l’alimentation et d’autre part les commercialiser. La part du surplus (profit) reversé à Tiko permettra alors à trois nouveaux membres de l’association de bénéficier de cette initiative. Et croyez-nous, le projet est en bonne voie!

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  • Sacs de jardin

La culture de légumes dans des grands sacs de jardin permet d'économiser de l'eau et de les protéger des animaux errants.

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  • Clôtures et insecticides biologiques

Des clôtures en bambou, jatropha, leucaena, etc. sont construites pour protéger les champs et les potagers. L'ail, le piment, la fleur de souci et le neem (margousier) sont également utilisés pour lutter naturellement contre les insectes, parasites et autres menaces.

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Santé de base (hygiène, assainissement) & conseils nutritionnels

Au fil des années, la littérature a fait état de taux très élevés de malnutrition en Zambie, en particulier dans les provinces de l'Est et chez les enfants de moins de cinq ans. Des diarrhées récurrentes résultant d'une eau sale ainsi que des repas déséquilibrés expliquent principalement ces terribles conditions. Outre les mesures visant à la salubrité de l’eau (toilettes à compost) et à la diversification alimentaire, Tiko a récemment développé un projet de complément nutritionnel appelé ONENEPA.

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Originaire des Philippines, la recette est composée de cultures locales, dont le moringa très nutritif, et permet aux enfants de prendre du poids rapidement tout en augmentant leur appétit. Après un essai concluant, les membres de Tiko distribuent désormais régulièrement le complément ONENEPA aux enfants les plus gravement atteints des villages environnants. Nous sommes privilégiées de pouvoir les accompagner et ainsi participer au programme. Le processus se divise en plusieurs étapes:

  • Expliquer aux mères les causes de la malnutrition et les bénéfices de ONENEPA

  • Peser les enfants avec les moyens du bord

  • Collecter les informations médicales (date de naissance, âge, sexe, dernière visite à la clinique, maladies éventuelles) et habitudes alimentaires

  • Analyser l'évolution du poids selon les normes de santé

  • Donner le complément ONENEPA aux enfants dans le besoin (ceux sous la courbe de croissance et/ou ceux dont le poids diminue): 2 sacs par enfant par semaine, 6 fois par jour

  • Contrôle hebdomadaire jusqu'à ce que l'enfant ait pris suffisamment de poids pour arrêter le programme

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Prévention et conseils en matière de VIH/SIDA & planning familial

De nombreuses séances de sensibilisation au VIH/SIDA ayant été organisées dans la zone d’activité de Tiko au cours des dernières années, l’ONG se concentre désormais sur des activités de prévention telles que la distribution de préservatifs et le planning familial. Le but est de s'assurer que tout couple désirant un enfant dispose des ressources nécessaires pour l’élever. Les conseils portant sur l'espacement des naissances sont très importants pour expliquer aux familles les avantages de grossesses plus éloignées sur la santé maternelle et infantile, ainsi que sur l'éducation. Nous n’avons malheureusement pas l’opportunité d’assister à ce programme en raison de notre temps limité à l’association, mais cela nous motive pour une future expérience de bénévolat dans ce domaine!

Soutien émotionnel et financier

L'ONG est également très engagée dans l'accompagnement de son équipe. En cas de maladie dans leurs familles élargies, l’association participe volontiers aux traitements médicaux, aux arrangements funéraires et/ou aux transports nécessaires.

Quel futur?

Comme beaucoup, Tikondane Community Centre est grandement impacté par la pandémie (Covid19), leur principale source de revenus étant issue du tourisme. Ils espèrent accueillir des visiteurs rapidement, mais ne souhaitent plus en dépendre autant étant donné le caractère incertain de l’avenir touristique et l’accès limité des vaccins en Afrique. L’association se concentre donc sur le potentiel de son équipe en tant qu’agriculteurs indépendants. Cela prendra un certain temps, donc si vous souhaitez contribuer à cet objectif, vous pouvez faire un don en cliquant ICI ou en nous contactant directement.

Conclusion

Pour un pays qui ne figurait même pas sur notre liste au départ, on peut dire qu'on ne l'oubliera jamais, et ce grâce à Tikondane. Faire partie d'une communauté est un sentiment incroyable et difficile à décrire. C’est extrêmement gratifiant d'appartenir à un groupe, et surtout de se sentir à sa place, comme à la maison.

Quel future?

Si nous avons bien été témoins de l’aspect multidimensionnel de la pauvreté sur le terrain, nous avons également découvert une autre approche essentielle pour la combattre, plus émotionnelle et personnelle: l'épanouissement. A notre époque, nous parlons souvent du succès comme de l'objectif suprême d'une personne, le revenu y tenant une place importante. La littérature suggère pourtant depuis longtemps que l’argent ne fait pas le bonheur et que de nombreuses personnes riches se révèlent au fond malheureuses. Un grand nombre de maladies dites civilisationnelles telles que l'anxiété et la dépression sont des symptômes de ce manque de compréhension dans les pays développés. Car le lien entre le bonheur et l'épanouissement y est rarement abordé. L'humanité a besoin de ce sentiment d’appartenance, de donner un sens à la vie. C'est pourquoi Tikondane nous a tant touchées. L’association ne vient pas seulement en aide financièrement et matériellement aux locaux, elle leur offre également un lieu pour se retrouver, échanger, partager, rire, exister. Cela constitue un véritable moteur pour lutter contre la pauvreté à tous les niveaux! Et même s’ils ont encore du chemin à parcourir, ils sont clairement sur la bonne voie pour non seulement survivre, mais aussi vivre une vie épanouie!

Conclusion

Lors de notre expérience au centre, nous nous sommes senties à notre place, exactement on nous étions censées être. Pour avoir donné de notre temps mais aussi pour tous les sourires et rires que nous avons partagés. Au final, nous avons autant appris qu’eux, preuve que l’aspect humain tient une place essentielle dans la vie quotidienne. Impossible de prédire l’avenir, mais cette immersion changera à coup sûr notre perception de bien des choses. Elle nous a construites, elle nous a transformées. Nous a rendues plus sages aussi. Et c’est exactement ce type de réactions dont nous sommes en quête pendant ce tour du monde humanitaire. ZIKOMO (merci) Tiko Crew de nous avoir permis de nous épanouir au sein d’une grande famille le temps de quelques jours!

A méditer

A l’image de la Zambie et des 64% de Zambiens, de nombreux pays et personnes souffrent encore du fléau de la pauvreté. Dans nos pays développés, où la vie se résume à une course contre la montre pour atteindre le plus haut taux de productivité, nous ne nous rendons pas compte de ce que le reste du monde subit. On s’indigne devant la lenteur de chargement de notre page internet quand certains n’ont même pas accès à l’électricité. Et surtout, on oublie que nous sommes dans la tranche des plus privilégiés. Saviez-vous que 1% de la population mondiale possède plus que les 99% restants? Et malheureusement, les disparités ne cessent de s’intensifier...

A méditer
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On associe constamment la pauvreté à l’Afrique. S’il est vrai que la proportion de personnes vivant en dessous de $1.90/jour est supérieure sur ce continent, il n’empêche que nous sommes aussi témoins de la misère tous les jours. Elle est juste moins intense, moins globale. Et on préfère juste fermer les yeux pour ne pas se sentir coupables de laisser quelqu’un souffrir (voire mourir) dans la rue. On se pense invincibles, comme si la pauvreté ne pouvait jamais nous atteindre. Que cela n’arrive qu’aux autres. Mais en réalité, on n’est jamais à l'abri de se retrouver à la même place du SDF d’en bas de chez nous. Crise économique, perte d’emploi, catastrophe naturelle, réchauffement climatique, guerres… Nombreuses sont les raisons pouvant tout nous faire perdre et nous amener à mendier à la sortie d’un magasin… Ne souhaiteriez-vous pas alors un peu d’attention? Refuseriez-vous une main tendue? “Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots”. Martin Luther King n’aurait pas pu mieux résumer l’importance de la solidarité dans une époque où l’individualisme gagne du terrain.

Nous sommes tous responsables et pouvons TOUS contribuer à notre échelle. En utilisant nos privilèges, nos ressources pour aider les plus démunis. Émotionnellement (un sourire, quelques mots), matériellement (nourriture, vêtements, produits d’hygiène), financièrement (dons), publiquement (liberté d’expression). Car oui, nous avons aussi le pouvoir d’offrir une voix aux oubliés de la société et du monde. Et ils sont nombreux! Saviez-vous qu’en 2019, on estime à 51 millions le nombre de victimes de crises humanitaires totalement délaissées par les médias (Care)?! Avez-vous eu connaissance de la crise alimentaire à Madagascar, des conflits au Tchad et en Centrafrique ou encore de la sécheresse en Érythrée? L’absence de visibilité impacte directement les soutiens divers qui leur sont alloués. Choisir d’en parler constitue déjà un acte de solidarité.

Et si vous pensez que cela est inutile, que rien ne changera, détrompez-vous. Alors oui, vous ne transformerez peut-être pas le monde à vous seul, mais votre action, quelle qu’elle soit, comptera pour au moins une personne dont vous pourrez améliorer les conditions.

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Enfin, si l’argument humain ne vous a pas convaincu, d’où pensez-vous que la plupart de nos vêtements, produits exotiques et appareils électroniques proviennent? Finalement, nous dépendons tous des uns et des autres. Pourquoi ne pas simplement s’entraider?

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